Un héritage disponible sur un compte nigérian abandonné. Un vieux camarade de classe retrouvé par hasard. Des profits réalisés grâce à un bon plan en bourse. Une invitation à augmenter la taille de mon pénis grâce au viagra… Ma boîte mail serait bien triste si elle ne pouvait compter au quotidien sur l’imagination débordante des spammeurs…
Un peu d’histoire
Le premier spam de l’histoire a été envoyé le 3 mai 1978 par Gary Thuerk, un commercial de Digital Equipment Corporation et auto-déclaré sur son compte Twitter “Father of SPAM“.
1978 ? Certains crieront au fake, parce que le Web n’existait pas vraiment à cette date. Effectivement, il s’agissait du réseau Arpanet, son ancêtre.
Lors de cette première action de spamming, Gary Thuerk aurait envoyé environ 600 messages identiques, soit à peu près à la moitié des personnes connectées à Arpanet, pour les inviter à une démonstration des produits de son entreprise.
La Défense américaine, propriétaire d’Arpanet, s’est immédiatement plainte au patron de Gary : le spam (qui ne portait pas encore ce nom) fut dès sa naissance perçu comme un accro aux règles de bienséance du réseau. #netiquette.
Une histoire de jambon
Le mot « spam » est à l’origine une marque déposée en 1937 par la société Hormel Foods. Il s’agit d’une conserve pas très appétissante de jambon (spam = « spiced ham », jambon épicé). Pendant la deuxième guerre mondiale, les soldats des forces alliées étaient largement spammés puisque 15 millions de boîtes leur étaient envoyées par semaine.
La BBC, dans un reportage de 1999, explique qu’au début du Web, des internautes avaient créé un forum dédié aux Monthy Pythons. Or ces derniers avaient fait un sketch parodiant une pub radio pour le Spam où le mot était répété jusqu’à l’écœurement. En hommage, sur le forum, un message est publié recopiant simplement des centaines de fois le mot SPAM.
Très vite, le fait de publier des messages inintéressants, voire indésirables, fut qualifié de spamming. Avant que le terme ne se limite aux emails.
Qui est le roi du spam ?
Contre toute attente, derrière ces emails illégaux et souvent ridicules, se cachent de vraies personnes. Plus précisément des sociétés spécialisées, payées par des marques pour promouvoir leurs produits.
En 2007, Eddie Davidson, fondateur de l’un de ces sociétés, est ainsi arrêté par le FBI : entre 2003 et 2006, son activité de pollution de nos boîtes mail, orchestrée depuis son domicile, lui aurait rapporté 3,5 millions de dollars. Devant le grand jury fédéral, il plaide coupable pour l’accusation de spamming et est condamné à une peine de 21 mois d’incarcération et à une amende de plus de 700 000$. Le 20 juillet 2008, il parvient à s’évader de la prison fédérale où il est emprisonné. Quatre jours plus tard, il est retrouvé mort suicidé après avoir tué sa femme et sa petite fille de trois ans. Son autre fille, âgée de 16 ans, en réchappe.
Ambiance 🔪⚰️.
Le business du spam
Le spam, comment ça marche ? D’abord, des entreprises récupèrent illégalement des adresses e-mail qu’elles revendent aux spammeurs. Elles constituent ces fichiers de deux manières :
- Soit grâce à des robots qui les repèrent sur le Web
- Soit de façon frauduleuse par l’intermédiaire de sociétés qui revendent leurs fichiers clients.
Le spammeur achète ces adresses. S’il existe encore quelques spammeurs manuels, dans plus de 80% des cas, les envois sont gérés automatiquement grâce à un logiciel installé sur un ordinateur.
N’importe quel ordinateur.
Peut-être le vôtre.
En effet, c’est le principe du botnet : un ordinateur est contaminé par un virus qui le transforme en zombie. De l’extérieur, l’ordinateur fonctionne normalement mais, à votre insu, il réalise les opérations commandées.
En 2010, on estimait à 5 millions le nombre de botnets en activité, sachant qu’un botnet est constitué de plusieurs ordinateurs zombies. Pour donner une idée de leur pouvoir de nuisance, on considère qu’un PC infecté appartenant à un botnet envoie en moyenne 77 spams par minute.
Bill Gates, l’internaute le plus spammé au monde
C’est en tout cas ce qu’a affirmé Steve Ballmer, CEO de Microsoft en 2004. Bill recevait à l’époque 4 millions d’emails par jour dont la majorité était des spams. On comprend mieux la motivation de Microsoft pour lutter contre cette plaie. Car c’est à la demande de Bill Gates qu’un mécanisme est mis en place pour demander à l’expéditeur de recopier un mot-clé (le futur captcha) avant d’envoyer un email.
Gates avait également proposé de rendre les mails payants, ce qui avait provoqué un véritable tollé mais aurait sans nul doute changé la face d’Internet…