Gregory Guéneau votre parcours est impressionnant. Vous avez travaillé dans le digital bien avant même qu’on le nomme « digital ». Pouvons-nous avoir un petit aperçu de votre parcours, votre histoire et bien sûr merci de nous présenter ce que vous faites aujourd’hui ?
J’ai commencé à travailler dans le Digital en 1992. J’avais à l’époque 21 ans. J’ai commencé tout en bas de l’échelle à réaliser des bornes interactives puis des CD-Roms et différents produits multimédias. Tout au long de ces années d’expérience, j’ai pu évoluer jusqu’à des postes de président d’entreprises et président de société de conseil, de direction de marketing produit pour des éditeurs de logiciel. Parallèlement, j’ai commencé à enseigner dès 1996 dans le domaine du Digital.
Aujourd’hui je suis vice-président et co-fondateur de Adalia School of Business qui est une nouvelle école de management au cœur de Casablanca, orientée vers les métiers de l’innovation et du digital qui a obtenu l’accréditation de ses diplômes par le ministère de l’enseignement supérieur cette année même.
J’ai eu l’occasion d’assister à votre conférence organisée pendant le Ramadan dernier dans les locaux d’ADALIA. Est-ce que vous pouvez nous rappeler, le concept particulier et les spécificités de cette institution ?
Commençons par les constats : les entreprises aujourd’hui ont besoin de managers qui disposent à la fois de solides compétences techniques dans les différents secteurs et de compétences professionnelles liées au « savoir être », au comportement managérial.
Elles ont également besoin de « digital native manager », capables d’évoluer en entreprise avec les Nouvelles Technologies de l’information et grâce au NTIC d’apporter de l’innovation et de la croissance aux entreprises. ADALIA School of Business forme ce type de managers.
J’ai entendu parler du projet « Customer KnowledgeLab » dans lequel vous mettez à disposition une équipe experte de l’innovation via le «LabUX » dédié à l’étude de l’expérience utilisateur. Quels sont les objectifs de ces recherches ?
« L’UX » qui veut dire User Experience en anglais signifiant expérience utilisateur est une discipline qui se situe entre les métiers du digital et les métiers du marketing, du management des nouvelles technologies. Cette discipline permet d’étudier des nouveaux concepts, des nouvelles applications dès la phase de conception des produits. Elle permet d’éprouver en amont les produits directement auprès des utilisateurs. L’intérêt de ce laboratoire est de donner un outil à l’équipe enseignante et aux étudiants pour leur permettre de tester les toutes dernières approches et innovation dans le domaine du digital appliqué au management et d’adopter les meilleures pratiques en la matière.
Personnellement et pendant une certaine période, j’ai moi-même réalisé quelques travaux de recherche sur l’UX. Je me souviens que j’avais du mal à expliquer mon travail à mes collègues et aux gens en général. Du coup une question me vient en tête à ce propos : Est-ce que vous croyez que le marché au Maroc est conscient de la valeur business de l’UX ? Le marché est-il devenu mature à ce sujet aujourd’hui ?
Beaucoup de multinationales et de start up qui s’implantent au Maroc développent des produits innovants qu’elles souhaitent lancer dans les pays du Maghreb et en Afrique. Mais ces innovations ne peuvent être lancées qu’avec une parfaite connaissance préalable de la manière dont les utilisateurs vont les appréhender.
Et justement si, le Maroc fait partie de ces pays émergents, attractifs pour les investisseurs, le consommateur est somme toute relativement récent. La classe moyenne émerge progressivement. On ne consomme pas un produit de la même façon selon si on se trouve à New York, Casablanca, ou Singapour. L’enjeu est bien là, mieux connaître les personnes à qui l’on adresse des produits, prendre en compte les spécificités de chacun relevant de contingences diverses, culturelles, socio-économiques notamment.
Ce type de laboratoire ici à Casablanca est donc essentiel.
De même le Maroc regorge d’artisans d’inventeurs de génie et nous sommes convaincus qu’avec notre lab UX nous serons à même d’amener jusqu’à ces créateurs de nouvelles méthodes, de nouveaux concepts de travail leur permettant de professionnaliser leur approche et de porter leur innovation à un niveau international.
Comment allez-vous procéder pour mener à bien ces études ? En d’autres termes, est-ce que vous avez une stratégie ou un plan, qui répondent à des objectifs préalablement établis ?
Ce laboratoire UX est jumelé avec celui de l’école des Gobelins à Paris que j’ai également co-fondé il y a quelques années. Nous disposons donc de toute l’expérience de ce laboratoire de toutes les approches et méthodes d’études et d’innovation que nous allons adapter au contexte marocain et déployer ici à Casablanca. Nous disposerons donc d’un laboratoire d’étude et d’utilisateur qui disposera des toutes dernières évolutions en la matière avec une approche professionnelle et rigoureuse.
Le présent et l’avenir est dans le digital aujourd’hui. Que peut-on dire en résumé à la fois aux entreprises et aux étudiants pour les aider à mieux cerner les enjeux qui se dessinent?
Le numérique et le digital transforment le monde et transforment les entreprises. L’ensemble de la chaine de valeur des entreprises subit une révolution majeure. Les entreprises aujourd’hui ne peuvent plus se développer sans informatiser leur système d’exploitation, sans avoir un logiciel de gestion performant, sans savoir collaborer à distance avec des outils numériques. Et j’en passe. Aussi nous sommes convaincus qu’ici au Maroc il y a un enjeu particulier à ce que les nouvelles générations mais aussi les cadres en activité puissent appréhender toute la complexité et les avantages à adopter des outils numériques et digitaux dans leur approche professionnelle.