La 5e édition de l’évènement « Next station 2015″, conférence internationale de référence consacrée aux gares, s’est tenue du 21 au 22 octobre à Marrakech. Une première pour le continent africain et la région MENA (Middle East and North Africa). Deux jours durant, le gotha mondial du ferroviaire a abordé des questions liées aussi bien à l’intermobilité, qu’à la sécurité, l’intermodailité ou encore les gares de demain, dans un contexte où le transport est plus que jamais en mutation. « Repenser les Gares pour la Future Intermobilté », était le thème de cette édition organisée par l’ONCF et l’Union internationale des chemins de fer (UIC).
Un secteur qui emploie 10% de la population active marocaine
Mercredi, pour allocution d’ouverture, Aziz Rabbah, Ministre de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, a d’emblée souligné que «l’intermobilité est un grand défi pour tous les pays, et particulièrement les pays en développement ». L’enjeu est de taille: «le secteur du transport est un secteur important, stratégique et complexe qui emploie près de 10% de la population active marocaine (…) l’économie ne cesse de changer, la technologie ne cesse de se développer, imposant une autre approche. Nous sommes face à un secteur qui pèse sur le plan économique, mais qui doit faire face à plusieurs défis», a expliqué M. Rabbah. «Les gares sont des espaces de vie, au même titre que les aéroports. C’est pour cela que dans le cadre d’un plan national nous voulons faire des gares des lieux où il fait bon vivre, pour attirer le client et l’inciter à voyager », a-t-il ajouté.
De l’importance du partage des expériences
Après avoir remercié les participants et les membres des comités scientifiques qui ont fait le déplacement, Monsieur Rabie Khlie Directeur Général de l’ONCF est pour sa part revenu sur les récentes réalisations (nouvelle gare de Casa-Port, Tanger-Ville…) de l’ONCF et celles en cours pour l’amélioration du ferroviaire au Maroc. L’exemple le plus emblématique est le projet de la Ligne à grande vitesse marocaine (LGV), actuellement en construction, qui permettra dans un premier temps de relier Tanger à Casablanca, distantes de 350 km, en 2h10. Il s’agira du du premier train à grande vitesse d’Afrique et du monde arabe. Khlie a notamment expliqué que « chaque pays avait ses spécificités et particularités », c’est la raison pour laquelle le Maroc doit trouver son propre modèle. « Le développement du ferroviaire est lié à conjoncture économique, sociale et politique», a-t-il ajouté. Et de conclure : «nous sommes convaincus que le partage des expériences et des expertises ne peut que nous aider à affiner notre stratégie ».
De son côté, Jean-Pierre Loubinoux, Directeur général de l’Union Internationale des chemins de fer (UIC), est revenu sur « l’importance de la formation », mais aussi « la recherche d’une meilleure complémentarité modale qui nécessite une nouvelle approche de la mobilité urbaine ». Pour M. Loubinoux, « il faut repenser la gare ferroviaire dans la perspective de l’intermobilité », pour ainsi développer le secteur du ferroviaire en particulier et du transport en général.
Les gares sont devenues des espaces de vie
Jeudi, l’événement s’est poursuivi avec des tables rondes et des sessions parallèles, animées par des professionnels et universitaires, qui ont partagé leurs expériences avec l’auditoire. Marie Delaplace, économiste de formation, professeur d’aménagement et d’urbanisme à l’Institut français d’urbanisme, est revenue sur l’impact du ferroviaire sur le tourisme. «L’intermodalité bénéficie au tourisme, car il existe une connexion évidente entre intermodalité (train et bus, tram, taxi, vélo ou parcours piéton) et accroissement de l’accessibilité ». Pour cette universitaire française, il faut également «renforcer le lien entre le transport et la destination en organisant des évènements culturels. La gare devient ainsi une partie de l’expérience de la destination», a-t-elle dit. Rokia Belkbir, Directrice commerciale voyageurs à l’ONCF est revenue sur l’expérience de l’ONCF. «Les gares se sont transformées de simples points de transit à des espaces de vie », a-t-elle dit, ajoutant que parmi les success stories de l’ONCF, la gare de Marrakech, celle de Rabat Ville ou encore Casa-Port, dernier fleuron de l’office ».
Gares et culture
Ines Tortosa, de la Fondation de los Ferrocarriles Españoles, a de son côté mis en lumière l’importance de la culture pour améliorer l’attractivité des gares. «En Espagne, les gares se transforment peu à peu en véritables scènes artistiques. Plusieurs concerts de musique sont désormais organisés dans les gares de Cordoue, Barcelone ou encore Valence. Cela renforce la valeur immatérielle de la station et contribue à promouvoir l’art et la culture. Pour les artistes, c’est aussi une opportunité de se produire devant un large public ».
Dans un autre registre, le spécialise Arne jakobsen, venu de Norvège, a souligné que «les voyageurs norvégiens sont de plus en plus nombreux à acheter leurs tickets depuis leurs mobiles. Les applications permettent aussi de télécharger des journaux, se renseigner sur son trajet ou découvrir de nouvelles destinations. Les voyageurs peuvent même mesurer l’économie de l’énergie dans les trains. D’ici quelques années, tous les usagers utiliseront leurs téléphones intelligents pour acheter leurs tickets ».
Après deux journées d’échanges, le Next Station a touché à sa fin jeudi 22 octobre dans l’après-midi. Dans son message de clôture, Rabie Khlie Directeur Général de l’ONCF, s’est félicité de la réussite de cette édition qui a réuni 300 participants venus d’une trentaine de pays. Il est ensuite revenu sur l’expérience de l’ONCF, en prenant comme exemple la gare de Casa Port, dernière prouesse de la compagnie, en attendant le lancement de la Ligne à grande vitesse. «Les gares était auparavant excentrées, placées dans des zones industrielles. Aujourd’hui, les choses ont changé avec l’intégration urbaine des stations avec les gestionnaires de la ville. Casa Port en est l’exemple». Jean-Pierre Loubinoux, Directeur général de l’Union Internationale des chemins de fer (UIC), a révélé que la 6e édition du Next Station se déroulera en 2017 entre Madrid et Tolède.
L’événement a été couvert Live sur Facebook et sur Twitter via les comptes de l’ONCF.