Qui ne connaît pas Yassine Massouath dans le microcosme du web au Maroc. Ce jeune vétéran de l’Internet a connu toutes les évolutions du secteur et a à son actif quelques beaux succès. Entrepreneur et influenceur, il est également connu pour ses positions tranchées et n’a pas la réputation d’avoir la langue dans sa poche. Entretien avec ce jeune, dynamique et plein d’audace !
Qui est Yassine Massouath ? Et que fait-il aujourd’hui ?
Je suis un jeune marocain de 29 ans, issu de la ville d’Oujda, où j’ai eu mon diplôme en informatique en 2009. Actuellement, je suis, d’une part, fondateur de plusieurs pages et sites dont principalement ilaiki.net traitant tous les sujets de la femme et n24.ma qui est un site de presse. D’autre part, je suis directeur développement du site le360.ma.
Quel a été ton parcours dans le web ? Tes meilleurs souvenirs ? Tes échecs ?
Tout a commencé pour moi au début des années 2000. Internet était tout nouveau au Maroc, pas très connu et pas très utilisé. Et comme j’avais un penchant pour la découverte, j’ai cherché à comprendre et à maitriser ce nouveau moyen de communication. Au fil du temps, mes efforts se sont traduits en une auto-formation en création des sites Web ; et en 2004, avec l’aide de quelques amis, j’ai pu créer l’un des premiers forums dans le monde arabe et le plus visité aussi. A partir de 2005, j’ai commencé à gagner de l’argent à travers internet grâce à certains sites que j’avais créé à l’époque.
En 2007 et avec la tendance « Facebook » au Maroc, j’ai créé des pages qui ont été suivies par des milliers de personnes et qui sont devenues des projets d’investissement pour moi par la suite en les transformant en supports publicitaires pour plusieurs marques.
Le meilleur souvenir qui m’a marqué est la réception de mon 1er chèque en 2004. Pour l’anecdote, j’ai rencontré un petit problème avec mes parents pour leur justifier la source de cet argent et les convaincre qu’on peut gagner de l’argent juste en se servant d’Internet.
L’un de mes plus grands échecs a été le refus de vendre l’un de mes sites à une grande entreprise. En effet, peu de temps après, ce site avait perdu toute sa valeur avec l’arrivée de Facebook. Plus personne ne visitait mon site et j’ai dû l’abandonner et m’orienter moi aussi vers Facebook et donc pour saisir moi aussi les nouvelles opportunités.
Ton futur challenge en tant qu’entrepreneur dans le web ?
Je compte m’ouvrir à l’international, et dans ce cadre, je prépare quelques projets en France et en UAE.
Tu es souvent considéré comme un « influenceur ». Peux-tu tout d’abord nous expliquer ce qu’est un influenceur.
Chacun de nous peut avoir de l’influence sur son entourage, mais nous n’avons certainement pas le même degré d’influence. Par conséquent, l’influenceur est toute personne capable d’avoir de l’influence sur sa communauté dans son domaine d’expertise tout en ayant une certaine notoriété bien sûr.
Avons-nous de réels influenceurs ici au Maroc ? Et peux-tu nous citer deux ou trois noms qui forcent, de ton point de vue, le respect à travers la qualité de leur influence et de leur communauté.
Oui, nous avons des influenceurs Web au Maroc et si je dois en citer trois seulement, je dirais à titre d’exemple Ayman Boubouh, El Fakir Noureddine et Marouane Lamharzi Alaoui. Il existe bien d’autres influenceurs, mais ces trois-là sont à mon avis ceux qui ont une grande communauté de suiveurs et sont experts dans leur domaine d’influence.
La nature des relations entre annonceurs et influenceurs est quelques fois compliquée ici. Tu t’es souvent fait remarqué par tes prises de position très franches à ce sujet. Peux-tu nous en dire plus sur ce que tu en penses ?
Oui la complexité est bien réelle au Maroc. Et l’une des raisons qui pourrait l’expliquer est que le journaliste, l’influenceur et le blogueur sont traités de la même façon. Alors que le journaliste est une personne payée par le journal et du coup, ses articles et ses positions vis-à-vis d’une quelconque marque devraient être neutres. Par contre, le blogueur ou l’influenceur est avant tout une sorte d’entrepreneur du web et ses positions sont rémunérées par les annonceurs concernés.
Selon toi, comment doivent s’organiser ici les relations entre annonceurs et influenceurs ? Qu’as-tu à dire aux uns et aux autres ?
La relation entre les annonceurs et les influenceurs est une relation Gagnant-Gagnant, par conséquent, nous avons besoin de structures (agences web et régies) gérant directement la négociation avec les marques et aussi mesurant le niveau d’influence de chaque intervenant, et ceci permettra aux marques d’identifier les personnes qui leur permettent d’atteindre au mieux leurs objectifs d’une part, et d’autre part, à l’influenceur d’optimiser ses gains, mais malheureusement, au Maroc, cet aspect n’étant toujours pas très développé.