Yasser Monkachi est Consultant-Formateur en Marketing Digital. Il est par ailleurs intervenant en Community Management et eCommerce auprès de Toulouse Business School Casablanca. Ayant suivi des études de Commerce, de Management, de journalisme et de Coaching, Yasser a collaboré avec des groupes et des multinationales de renom comme Google, Dell, Shell, ExxonMobil, SQLI Group, PNUD ou plus récemment Viber.
Fort d’une expérience de 20 ans en Management de projets multiculturels, il est aujourd’hui le fondateur et CEO de l’agence digitale Social Impulse, spécialisée en Brand Content, Social Media et Inbound Marketing. Et c’est à l’occasion de la tenue prochaine d’une journée d’étude, organisée le 21 avril à Casablanca, par Social Impulse, en partenariat avec le Groupement des Annonceurs du Maroc (GAM) et l’Association des Agences Conseil en Communication (UACC), que nous avons profité pour le rencontrer et l’interroger à ce sujet et à propos du marketing digital.
Ce séminaire sur le thème “Marque digitale, quels enjeux et quel avenir ?” est animé par deux experts, Christian Gatard, conseiller en prospective et innovation, et Laurent Rignault, spécialiste en communication digitale et eRéputation. L’événement sera également marqué par la participation d’acteurs et décideurs représentant les marques marocaines ainsi que des professionnels du marketing et de la communication.
On le sait, le digital change aujourd’hui la donne. Mais concrètement et au-delà des discours évangélistes que cela signifie-t-il concrètement pour les marques et pour les gestionnaires de marques que ceux-ci soient des communicants ou des marketeurs ?
Les marques aujourd’hui sont à l’affût d’innovation technologique et communicationnelle. Le digital recèle les deux à la fois et c’est comme ça qu’il est en train de changer la donne ! Il ne s’agit pas de changement partiel mais radical. Les marketeurs devraient connaître un changement de paradigme en passant notamment de l’outbound à l’inbound.
Quant aux communicants de tous bords, la pyramide de communication devrait s’inverser pour eux/elles ; ainsi d’une communication descendante on passera à une communication transversale, de plusieurs à plusieurs où l’on gère les émergences, les communautés et leurs leaders. Le management par la rupture ou par la transition de cette lame de fond qu’est la transformation digitale s’impose comme choix stratégique.
Qu’est-ce qu’une marque digitale ? Et quels sont ses enjeux actuels ? Et quels sont les challenges auxquels elle doit faire face demain ?
La marque digitale n’est pas un mythe mais un fait avéré. Cette quasi certitude n’est pas le fruit du hasard mais d’un acheminement historique accéléré par l’avènement du Web et du digital qui a donné la parole à des millions, voire des milliards d’internautes et forcé les marques à changer de posture en adoptant une stratégie d’écoute plutôt que celle basé sur le message. Dans la communication d’aujourd’hui, c’est le récepteur, dans ses configurations les plus variées (communauté, groupe, mouvement citoyen…) qui compte le plus, loin devant le canal et le message.
Les enjeux actuels sont multiples, à commencer par l’aspect sociétal, la montée en puissance des Millenials (générations Y et Z), la technologie sans oublier le volet financier cher aux défenseurs de l’approche ROIste. Cela ouvre naturellement la voie vers plusieurs challenges que les marques marocaines et internationales se doivent d’affronter : transformation digitale organisationnelle, marque employeur (RH), relations publiques nouvelle génération (ou RP 2.0), eRéputation… plusieurs chantiers qui méritent toute l’attention des marques actuelles, car leur survie et leur épanouissement en dépendent étroitement.
Quel est votre avis sur la digitalisation des marques marocaines ? Quel regard portez-vous sur cette transformation ?
Les marques marocaines sont plus portées sur le “faire digital” plutôt que le “être digital”. Ceci relate une philosophie bien propre à notre écosystème qui n’arrive pas encore à dépasser la fascination par rapport aux réseaux sociaux et penser le digital comme un levier de transformation et d’amélioration du travailler et du communiquer ensemble. Il ne suffit pas en effet d’ouvrir une page Facebook et d’être présent (pour être présent ou parce que c’est dans l’air du temps) sur tous les réseaux et les nouveaux médias.
A titre d’exemple : combien de marques marocaines tiennent un blog professionnel ? Aucune ! Le digital étant une composante à implémenter en interne vers l’externe (Inside-Out), ses grands chantiers se situent à l’intérieur des organisations et non sur leurs marchés, au niveau des ressources humaines mais aussi la communication interne (Intranet 2.0 et RSE) car on ne le répètera jamais assez, avant de penser “influenceurs”, les premiers ambassadeurs des marques sont leurs employés. La transformation digitale relève plus de l’humain que du technologique car ce dernier facteur n’est qu’un ensemble d’outils, aussi spectaculaire et aussi intuitif soit-il !
Vous lancez prochainement un séminaire sur la marque digitale avec la participation de deux experts internationaux en la matière. Pouvez-vous nous en dire plus et nous préciser les spécificités de cette journée de formation ?
Une journée d’étude sous le signe de l’innovation pédagogique et de la prospective avec la présence de deux experts internationaux : Christian Gatard, expert en innovation et prospective de la marque et Laurent Rignault, expert en référencement et e-réputation de la marque. D’autre experts et professionnels marocains prendront part à cette expérience qui promet découverte, échange, partage et simulation. La lumière sera ainsi jetée sur des cas marocains et internationaux où les marques sont exposées à la fois à leur transformation et à l’action des internautes notamment sur les réseaux sociaux et les sites d’avis.
Si vous deviez retenir une tendance digitale qui bouleverse radicalement la communication des entreprises, quelle serait-elle ?
La marque employeur est aujourd’hui une étoile “polaire” dans l’univers des marques et du branding. Combien de marques marocaines recrutent, séduisent et essaient d’attirer des talents sur la toile, je ne saurais vous dire. Mais certaines, sans citer des noms, l’ont compris et essaient de se démarquer en tant que marques fortes faisant valoir leurs atouts sur le digital et en dehors du digital. Car l’univers de la marque digitale se construit aussi hors internet, la marque se doit de se déployer dans les occasions, les évènements où il faut être pour faire des rencontres intéressantes.
La marque employeur se construit naturellement en interne mais se déploie en externe comme toute stratégie qui se respecte. Les employés en sont les premiers ambassadeurs et les réseaux sociaux, surtout professionnels, sont les meilleurs canaux, en particulier Linkedin qui atteint une maturité remarquable. Les avocats de marque que l’on peut retrouver et développer sur le Web social en sont aussi les meilleurs alliés et les relais de choix.
Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner à une entreprise ou à une marque qui souhaite franchir le cap et sauter dans l’univers de la communication digitale ?
Les conseils sont de plus en plus difficiles à prodiguer dans un monde digital qui change et avance très vite. L’astuce que je pourrais donner est l’agilité. Le management agile est une tendance clé qui implique une grande flexibilité et une capacité d’apprentissage élevée chez le manager à l’ère du digital. Le management de projet se trouve boulversé par l’avènement du Web et des nouvelles technologies ainsi que la montée en puissance d’une nouvelle génération rebelle.
La communication et le marketing digital sont touchés de plein fouet par cette approche managériale sans laquelle l’exécution et l’activation risquent d’échouer. Je pense aussi au Design Thinking, nouvelle arme du manager digital avec laquelle il peut gagner en empathie et en créativité pour assoir les bases d’une communication digitale intelligente et durable.