Chez TheRollingNotes il est de coutume de vouloir cultiver cette fibre créative et entrepreneuriale. Ces marocains qui produisent au niveau national et international qui nous inspirent et qui font notre fierté. C’est durant l’une de nos réunions autour d’un café au bureau que l’on découvre la création des frères Hamza et Yassir Labrinssi de l’agence Highness. Nous sommes tout de suite séduits par la qualité du portfolio et des travaux présentés. Notre premier constat : une agence basée au Maroc et à Montréal, des références clients de renom et une organisation du travail digne des entreprises nord-américaines. Nous voulons donc en savoir plus !
Nous entrons donc et naturellement en contact avec Badr Nasrallah, Business Developper et Marketing Director de l’agence pour découvrir les coulisses de Highness et tenter de comprendre comment à partir de la ville de Kénitra l’on se développe à l’international ? Badr répond à nos questions :
Racontez-nous comment Highness a vu le jour ici au Maroc ? Et quel a été le parcours de l’agence jusqu’à son implantation en Amérique du Nord ?
L’histoire de Highness commence en 2011, quand les deux frères Hamza et Yassir Labrinssi décident de switcher en mode entreprise après plusieurs missions en freelance au Maroc et à l’international (MENA – Europe – Nord d’Amérique).
Hamza est le Design/Strategy Lead à Highness, sa carrière commence très tôt dans des agences de communication à l’âge de 17 ans quand il découvre sa passion, avant même d’obtenir son Bac (qu’il n a jamais eu). Dès son jeune âge, il a séduit plusieurs agences de communication en France, en Hollande et au Maroc. Il a eu l’opportunité d’être le Design Director d’une édition du Festival International du Film de Marrakech. Il commence aussi à être sollicité par des clients en Amérique du Nord comme le HuffingtonPost où il avait travaillé sur le design et l’expérience utilisateur du site lors des élections présidentielles des Etats-Unis en collaboration avec Google.
Après le Maroc, Hamza s’installe à Dubaï où il a fait le tour des agences internationales comme JWT, BBDO, Leo Burnett et Tribal DDB où il a dirigé les projets design et solutions de grands comptes comme Emirates, Kraft, HSBC, Microsoft et Unilever. Pour conclure, il a fait aussi du UCD consulting pour Frog Design, SB et Saatchi & Saatchi.
Yassir est le frère complémentaire. Un designer talentueux a besoin d’un bon développeur et le destin a voulu qu’un deuxième Labrinssi fasse le nécessaire. Contrairement à Hamza, Yassir est un bon étudiant assidu qui obtient son Bac, termine ses deux ans à l’ISTA de Kénitra, empoche une licence en Administration de Base de Données et prend l’avion pour Montréal pour un Master en Informatique et Systèmes de Gestion. Pas de temps à perdre, Yassir profite de ses deux ans d’études au Canada et travaille en freelance sur plusieurs projets au Canada, en Amérique du Nord et donne des coups de main à Hamza sur les projets de clients situés dans le Golf à distance.
Deux compétences complémentaires et un portfolio à l’international, pourquoi ne pas créer donc une entreprise ? Highness voit le jour et sert des clients au Golf, au Canada et aux Etats-Unis.
A en juger par vos références clients, il semblerait que vous ayez pu vous imposer au niveau international. Comment expliquez-vous cette réussite ? Et quelles ont été les plus grosses difficultés dans ce sens ?
Certes, l’accès au marché international n’est pas chose évidente. Néanmoins, le « hardwork » et la qualité des travaux de Highness ont fini par payer. Hamza et Yassir ont su profiter de leurs travaux et relations en freelance pour pouvoir pitcher auprès de grandes marques. L’avantage de l’international est que toute entreprise éligible peut participer à un pitch et que le meilleur gagne. Je donne l’exemple des marchés sur lesquels nous avons travaillé avec le géant Apple, nous avons été sélectionné parmi 900 entreprises de la région EUROPE/MENA après plusieurs tests qui ont duré quelques semaines. Le processus est clair et transparent : la qualité du design, le savoir faire en UX et la stratégie digitale l’emportent à coup sûr.
L’idée dominante sur le marché des agences médias marocaines est que l’on ne peut prospérer en dehors d’une métropole. Pourquoi avoir choisi de vous installer à Kénitra, contrairement à une grande ville comme Casablanca ?
C’est une question courante que l’on nous pose :). Nous sommes dans le digital, tout ce qu’il nous faut c’est des passionnés de technologie, des mac et une bonne connexion internet. La simple raison d’être à Kénitra est que les fondateurs sont des kénitris. Le premier bureau a été à Kenitra (le siège), puis un deuxième à Dubaï. Et suite aux opportunités que nous avons eu en Amérique du Nord, nous avons déplacé l’équipe de Dubaï à Montréal pour s’approcher de nos partenaires et clients. D’ailleurs, parmi nos projets de l’an 2017, c’est l’ouverture d’un nouveau bureau à San Francisco pour être encore plus près de nos clients de la Silicon Valley. Le bureau c’est pour la production et le monde c’est pour la prospection.
Comment réussissez-vous à travailler à une échelle internationale dans ce cas ? Quid de la voIP ?
Il faut bien s’équiper en outils technologiques de gestion pour faciliter les échanges de communication à l’international. Je cite les services de Google Apps (mail, drive…), Trello, Hipchat, Github, Dropbox et d’autres. Avec les décalages horaires des différentes villes, entre -8 GMT à +8 GMT il faut aussi compter quelques nuits blanches pour être joignables quand vos clients se réveillent dans leurs pays.
Le blocage de la VoIP est malheureusement un très grand frein au développement du digital au Maroc. Je ne vais pas revenir sur les conséquences de ce blocage que tout le monde connaît. A Highness, nous essayons d’organiser tous nos conf-call depuis Dubaï ou Montréal pour être sûr de la qualité du débit internet vu qu’il arrive de faire des démonstrations et du fast-protoyping in realtime avec les équipes de nos clients. Les rêves ne se bloquent pas par un blocage de la voIP 😉
Quels sont vos prochains défis ? Quelles sont vos perspectives de développement (national versus international) ?
Au Maroc, nous avons décidé cette année de participer dans le développement de la qualité du digital et nous avons contacté des entreprises marocaines ces six derniers mois pour présenter nos services pour un partage de notre expertise internationale dans notre cher pays. Nous sommes très excités de faire évoluer les marques nationales vers le next level et faire le deuil avec les campagnes publicitaires de la danse et la musique « Chaabi » afin de s’adapter à l’intelligence de l’audience marocaine. Dans le même sens, nous allons lancer dans quelques semaines une nouvelle startup qui proposera une nouvelle solution de communication entre les entreprises et leurs clientèles.
A l’international, de belles perspectives s’annonces pour la nouvelle saison, des missions sont en discussion avec Cisco, Adobe et d’autres startups technologiques de la Silicon Valley.
Pouvez vous partager avec nous quelques travaux en ligne ?
Un dernier conseil à vos confrères aspirant à travailler pour des clients internationaux ?
Ne pas se concentrez que sur les tâches à faire, faites des brainstormings avec vos équipes jusqu’à ce que vous trouvez la meilleure solution au problème de votre client en l’impliquant dès le départ. Le problème au Maroc est que les agences qui se définissent en tant qu’agences web ne font que du design et du développement à la carte et proposent même parfois des packs avec des templates gratuites sans prendre le soin de les personnaliser. Les gens sont souvent orientés plus vers la technique au lieu de trouver des solutions. Un simple tour sur les travaux des secteurs des banques, l’éducation et les établissement du gouvernement vous en donnera exemple. A l’international la première valeur ajoutée que les entreprises cherchent chez les agences est la capacité à trouver les meilleures solutions pour leurs problèmes abstraction faite de la technologie utilisée.