En 2015/2016, la ville de Casablanca a lancé une démarche d’attractivité afin de renforcer la compréhension de son ADN, de ses valeurs et de son positionnement, en impliquant les différents acteurs de la ville et en coordonnant leur réflexion. L’objectif est alors de promouvoir une marque et une identité claire pour la ville, en cohérence avec le plan de développement du Grand Casablanca 2015-2020, dont elle se doit d’être le porte-étendard.
D’autre part, les opportunités et les exigences de la globalisation conduisent les villes à innover, s’adapter et devenir plus compétitives pour se positionner en tant que pôles d’attractivité au niveau régional ou international. La qualité de vie est donc un facteur essentiel de l’attractivité d’une ville pour ses résidents, ses entreprises, ses expatriés ainsi que pour les investisseurs internationaux. C’est fort de cet enjeu que Casablanca a souhaité disposer d’une étude d’attractivité fondée sur un benchmark international. Ce projet vise à déterminer de façon objective les critères de la qualité de la vie afin de permettre aux institutions décisionnelles de la ville de Casablanca d’identifier les principaux leviers capables d’influencer le niveau de la qualité de vie (du point de vue des expatriés) à Casablanca ainsi que son positionnement international.
C’est le cabinet international Mercer qui a été choisi. Ce dernier réalise chaque année son enquête sur la Qualité de la vie pour aider les entreprises, majoritairement des multinationales, à rémunérer équitablement les salariés expatriés. Deux mesures incitatives sont à la disposition des organisations : une allocation qualité de la vie et une prime de mobilité. La première compense un écart potentiel de qualité de vie entre la ville de départ et celle d’accueil, tandis que la prime de mobilité compense simplement l’inconvénient d’être déraciné et d’avoir à travailler dans un autre pays. Les rapports Qualité de vie de Mercer permettent aux entreprises d’estimer le montant de la prime Qualité de vie pour plus de 440 villes à travers le monde. Le classement Mercer couvre 230 villes.
Pour les besoins de la comparaison internationale, 7 villes ont été sélectionnées, selon certains critères bien distincts : la similitude des enjeux de développement, la présence d’expatriés, le statut de plaque tournante touristique, le statut de hub des affaires, le statut de ville internationale, et le fait d’abriter des sièges régionaux d’entreprises multinationales. Les villes sélectionnées sont ainsi :
- Belgrade (Serbie) : ville qui a été témoin d’une hausse importante de la qualité de vie au cours des 10 dernières années à travers l’amélioration de l’infrastructure.
- Caire (Egypte) : ville qui pour longtemps était considérée comme un hub touristique pour les différentes destinations en Afrique et Moyen Orient et aussi réputée pour son architecture et sa culture.
- Lisbonne (Portugal) : ville très visitée en Europe et reconnue pour son patrimoine historique et ses activités culturelles. Elle a l’un des plus importants ports atlantiques d’Europe.
- Lyon (France) : la ville de Lyon est potentiellement l’une des meilleures références pour la comparaison avec Casablanca. La ville de Lyon a une stratégie de promotion dynamique et de marque qui se fonde essentiellement sur l’économie, la culture, l’urbanisme, et la gastronomie locale. La qualité de vie à Lyon est considérée comme très bonne en comparaison avec les autres villes de l’étude.
- Istanbul (Turquie) : ville très touristique et dotée d’un héritage culturel très important. Elle est de plus un important hub régional pour les multinationales. La ville d’Istanbul est la plaque tournante de l’économie turque et un point majeur de connexion entre L’Europe et l’Asie.
- Mexico (Mexique) : ville très touristique et avec l’un des plus anciens héritages culturels d’Amérique latine. Elle est l’un des poumons économiques du pays et une des places financières importantes de la région.
- New York (Etats-Unis) : pour les besoins des calculs, les villes ont été comparées à New York (Etats-Unis) qui constitue la ville-repère et le score de référence (100) dans les classements annuels Mercer de la qualité de vie.
Méthodologie : Une analyse de la qualité de vie est basée sur deux éléments
Une analyse comparative des scores de la qualité de vie a été effectuée en se basant sur la méthodologie Mercer. Pour les besoins des calculs, les villes ont été comparées à New York (Etats-Unis) qui constitue la ville-repère et le score de référence (100) dans les classements annuels Mercer de la qualité de vie. D’autre part, l’évaluation de la perception des expatriés et locaux à Casablanca par le biais d’une enquête, permettant de renforcer l’analyse et d’assurer une corrélation entre la perception et les statistiques.
Les points forts et les opportunités pour la ville de Casablanca
Dans l’ensemble, les participants ayant répondu au questionnaire Mercer sont confiants sur la capacité de la ville de Casablanca à se développer et à hausser sa qualité de vie dans le moyen terme. Avec la stratégie de développement du Grand Casablanca 2015-2020, la ville dispose d’importants atouts et des opportunités réelles afin de se positionner comme une plateforme régionale de premier plan. Aussi, l’indice de qualité de vie de la ville de Casablanca est de 28 points inférieur à celui de la ville de New York, et de 29 points inférieur à ceux de Lyon et Lisbonne.
L’indice de Casablanca est en revanche de 15 points supérieur à celui du Caire, de 5 points supérieur à celui de Belgrade et de 2 points supérieur à celui d’Istanbul. Mexico et Casablanca ont du reste une qualité de vie globale relativement similaire. Sur les 7 villes ainsi comparées, la ville de Casablanca se situe en milieu de tableau, à la 4e position ex-aequo avec Mexico.
Au niveau des services publics et transports, et en ce qui concerne les 10 dernières années, l’indice pour la catégorie des services publics et transports a augmenté de 3 points pour la ville de Casablanca. La ville de Belgrade (Serbie) s’octroie la hausse la plus importante pour cette catégorie (+6 points). L’écart entre Casablanca et la ville de New York (Etats Unis) est de 26 points et de 19 points avec la ville de Lyon (France). Quatre des villes étudiées ont vu leurs indices pour la catégorie des services publics et transport augmenter (avec une moyenne de 4 points). La ville de Casablanca a l’opportunité d’investir dans le domaine du transport et de traiter le problème récurrent de la congestion du trafic et de la pollution de l’air, dans la perspective d’une augmentation constante de la population et des véhicules motorisés (voitures, taxis, motos). Une amélioration dans ces domaines constituerait un effet de levier significatif et positif pour la qualité de vie en général. La ville de Casablanca peut s’inspirer par exemple des initiatives prises dans des villes comme Lyon, Singapour ou Londres afin de réguler le flux de véhicule et introduire des moyens de transports plus écologiques.
Un autre levier clé constitue l’orientation des comportements vers un plus grand usage des transports publics et autres moyens de mobilité non-polluants (tram, vélo, etc.) permettrait de sensibiliser la population sur les questions d’environnement et de qualité de vie. Afin de gérer efficacement l’arrivée potentielle de nouveaux investisseurs locaux ou internationaux et plus généralement l’augmentation de la population locale et expatriée, la ville de Casablanca doit développer au fur et mesure ses infrastructures et s’assurer du bon fonctionnement des services publiques essentiels tels que l’évacuation des eaux usées et déchets, l’accès à l’eau potable, et le contrôle de la pollution de l’air.
Quant aux loisirs, parmi les villes étudiées, la ville de Casablanca est moins bien notée pour cette catégorie des loisirs selon un standard pour les expatriés. L’écart entre Lyon et Casablanca est de 32 points, et de 36 points avec la ville de New York. En un peu moins de 10 ans, la ville de Belgrade a su élargir son offre de loisir pour les expatries (augmentation de 8 points) et ainsi devancer la ville de Casablanca de 4 points. Les villes d’Istanbul, Lyon et Mexico ont toutes eu un indice stable durant les 10 dernières années. Il est donc important que la ville de Casablanca saisisse l’opportunité de développer encore plus un panel d’activités de loisirs aux standards internationaux, complet et diversifié aussi bien pour ses expatriés que pour ses résidents locaux (restaurants avec des cuisines internationales, théâtre, cinémas et sport/loisirs accessible pour la population). La richesse culturelle actuelle de la ville ainsi que les offres de loisir à développer selon un standard international (comme les parcs et installations sportives dans les quartiers de la ville) permettraient d’accentuer son attractivité pour les expatriés, talents et investisseurs.
Sur les volets écoles et éducation, les scores de la grande majorité des villes étudiées n’ont pas changé au fil des 10 dernières années. L’offre de scolarisation pour les expatriés (telles que les écoles internationales, privées) reste stable. Casablanca et Belgrade ont eu une augmentation substantielle de leur indice, respectivement, de 10 points et de 20 points. Lisbonne est la ville qui a atteint le score le plus élevé pour cette catégorie. L’écart entre la ville de Casablanca et Lisbonne est 40 points. Casablanca peut profiter de sa position en tant que ville tournée vers l’international tout en gardant ses valeurs et son héritage culturel. En d’autres termes créer une « marque » autour de la valeur ajoutée de l’éducation et de la culture. La proximité avec les villes européennes pourrait de ce fait inciter Casablanca à accélérer sa politique de partenariat avec les institutions universitaires de différent pays et la positionner ainsi comme ville référence pour l’éducation en Afrique francophone.