Quelque chose se passe à travers ce mariage étrange entre un puissant constructeur automobile et un grand groupe de presse français : Renault signe son entrée à 40% dans le capital du groupe éditant Challenges, Sciences & Avenir et Histoire.
Pour le PDG de Renault, Carlos Ghosn, «la voiture connectée, c’est de la technologie.(…). Mais le prochain sujet est le contenu. Nous devons nous y intéresser, sinon nos voitures deviendront des boîtes vides au service des autres.», rapporte Libération.
Indiquant que le groupe n’a aucune compétence dans les médias, Carlos Ghosn affirme qu’il s’agit d’un test mené en France, mais envisage d’ores et déjà la traduction des contenus pour les clients à l’étranger et une personnalisation de l’offre grâce à l’intelligence artificielle ! Quand on sait que le groupe a vendu quelques 3,18 millions de véhicules en 2016, on imagine le nombre de personnes qui pourraient à terme bénéficier de cette offre innovante.
Côté business en effet, ça a tout l’air d’un coup de maître. De plus en plus d’individus passent du temps dans leur voiture pour les trajets quotidiens ou exceptionnels. Etre en mesure de fournir un contenu personnalisé à bord d’un véhicule et le summum du ciblage de marketing de contenu et de brand / branded content. Et c’est aussi une occasion de façonner l’imaginaire, la représentation et la vision du monde que se font les usagers.
On imagine facilement que pour Challenges par exemple, la tradition éditoriale de suivre de très près les évolutions de l’industrie automobile ne diminuera pas… Quant à Sciences & Avenir, gageons que les sujets sur l’Intelligence Artificielle et l’Internet des Objets figurera en bonne place dans les thématiques abordées. Mais c’est sûrement sur l’exploitation des compétences éditoriales et scientifiques du groupe de presse sur de nouveaux canaux plus appropriés à la consommation de contenu à bord d’un véhicule que la bataille se jouera.
Côté liberté de la presse, certains s’inquiètent de l’entrée de Renault dans la presse. A juste titre ? l’article de Libération s’étonne que « le jour même de l’annonce de l’entrée de Renault dans le capital du groupe, la Une du magazine datée du 13/12 soit consacrée à un dossier intitulé « La voiture, tout change! » et illustrée par une Renault au premier plan». Coincidence, dit la rédaction… Difficile à croire et surtout à tenir sur le long terme.
Le groupe de presse, autant que le constructeur automobile, devront assumer ce mariage improbable à première vue, comme celui de la carpe et du lapin. Connaîtra-t-il le même sort que celui des animaux de la fables ? Rien n’est moins sûr…
Quoiqu’il en soit, un nouveau modèle de relation marque / contenu / consommateur est en train d’émerger…