Yellow Challenge : Ces entrepreneurs qui ont relevé le défi ! – Episode 1 : Doha Benjelloun, CEO de Proactech
Parfois, un simple échange de mots, un regard, ou un sourire vous fait l’effet d’une brise matinale qui vous fait prendre conscience de la beauté qui vous entoure. Doha Benjelloun, CEO de Proactech, fait partie de ces gens qui vous font cet effet là ! Brillante, intelligente, passionnée par son métier et surtout, déterminée à accomplir sa destinée. J’ai eu la chance de croiser son chemin et de l’accompagner dans le cadre du programme Yellow Challenge dont elle est finaliste. Aujourd’hui, elle a accepté de se livrer à moi. Voici un aperçu de son parcours, raconté avec une passion qui n’a d’égal que son humilité.
Pourquoi avoir choisi le chemin compliqué de l’entrepreneuriat ?
Je n’ai jamais particulièrement aimé les voies faciles comme peuvent en témoigner mes études : Bac sciences maths et prépas au Maroc, puis, école d’ingénieur en Microelectronics à Grenoble, poste en R&D dans une entreprise de Microelectronics à Grenoble toujours… Mais assez tôt dans mon parcours professionnel, la question de savoir quel impact, aussi infime puisse-t-il être, je voulais laisser sur terre s’est posée. Alors j’ai décidé de poursuivre un master en gestion d’entreprise en parallèle avec mon travail afin de compléter mon parcours. Puis, je suis rentrée au Maroc après avoir bouclé 6 années d’expérience professionnelle avec l’ambition de créer une entreprise.
Pourquoi Proactech ?
C’est l’alliance entre la passion pour la technologie et le besoin quasi-vital de participer à mon petit niveau au développement économique et social de la région à travers le levier de la démocratisation de la formation et la diffusion du savoir-faire utile. D’où le choix naturel du e-learning ou le Digital Learning comme on aime à le nommer aujourd’hui. A l’époque le domaine était assez nouveau dans le monde et quasi-inexistant dans la région. Un tour de table de personnes partageant la même passion et les mêmes valeurs s’est alors constitué autour de cette idée.
Quel est le problème que résout Proactech ?
Le digital learning, d’une façon générale, répond au double besoin de massification de la formation (adresser un grand nombre d’apprenants) tout en individualisant l’expérience de formation, proposer la juste formation à chaque personne en fonction de son niveau de départ, ses contraintes géographiques et temporelles et ses objectifs. Et tout cela avec un coût beaucoup plus accessible que la formation en salle.
Ce qui fait notre particularité chez Proactech, c’est que nous avons réussi à développer tous les éléments de la chaîne de valeur du e-learning à savoir de l’application Web aux contenus multimédia. Et afin de tenir compte du contexte culturel dans lequel nous évoluons avec une population ayant globalement peu d’autonomie de formation et une faible propension à la lecture, nos modules de formation sont fortement graphiques et animés et font intervenir intensément les principes de gamification pour motiver à apprendre.
En plus de nos clients corporate que nous accompagnons dans toutes les phases de déploiement d’un dispositif de digital learning, nous participons à des projets de développement de capacité au Maroc et en Afrique dans le domaine de l’employabilité, de l’entrepreneuriat, de la sensibilisation et la promotion de la culture de la sécurité, de la propriété intellectuelle, de la création d’activités génératrices de revenus, etc.
Tu as du sûrement passer par des situations très difficiles ? Qu’est ce qui t’a sauvé à chaque fois ? Qui est celui ou celle qui t’as aidé à tenir le coup ?
La création d’entreprise n’est pas un long fleuve tranquille, mais on apprend à naviguer en eaux troubles. La première grande difficulté a été de se lancer dans un domaine, quasi-inexistant à l’époque, et qui reste un marché de niche aujourd’hui, tout en voulant absolument investir dans des produits sur étagère et faire de la R&D. Ca paraît fou sur le papier mais, nous sommes toujours là, nous participons à des projets qui nous tiennent à cœur et notre activité est en croissance et le meilleur reste à venir.
Le plus dur a été et reste les problèmes récurrents de recouvrement qui compliquent la planification, ont fait capoter des relations de partenariat commercial et qui ralentissent notre croissance parce qu’ils handicapent notre capacité d’investissement et donc d’innovation. Certes, ces problèmes deviennent moins vitaux pour nous maintenant, mais les retards de paiement sont une véritable tare dans notre pays. Une gestion de très près de la trésorerie et des coûts nous ont permis de nous en sortir jusqu’à maintenant avec le grand soutien de mes associés et de mon mari qui a toujours été là pour nous soutenir à titre complètement bénévole : Dieu merci, nos salariés n’ont jamais eu un seul jour de retard sur le versement de leur salaire.
Bien entendu, il y a eu aussi parfois des conflits d’ordre humains, des moments de doute où l’on a envie de tout arrêter et de revenir à une vie plus paisible, mais notre sentiment de responsabilité envers nos collaborateurs et nos clients et partenaires ainsi que notre passion et notre envie de réussir nous ont toujours pousser à nous battre et à continuer. Mon plus grand apprentissage de l’entrepreneuriat c’est bien la résilience et la combativité !
Et pour le futur, quels sont tes plans ?
Notre plan pour le futur et d’augmenter notre présence au Maroc et à l’international à travers une offre plateforme Cloud e-Commerce dans un premier temps, et dans un deuxième temps, augmenter notre impact social à travers la création d’une fondation ou la signature d’un partenariat stratégique avec une fondation existante œuvrant dans le domaine de la formation ou le développement de capacité. Un double défi qui s’inscrit dès le départ dans notre ADN.
Tu as participé et relevé avec brio le programme Yellow Challenge. Ton mentor, Anas Benlahcen, Responsable réseau Nord chez Wafacash, a salué ta “positive attitude” durant toutes les étapes du programme. Toi Doha, dis-moi, avec quoi tu en sors ?
Le processus de sélection s’est déroulé en plusieurs étapes : une pé-sélection à travers un appel à manifestation d’intérêt, une première présentation, puis la phase d’immersion chez Wafacash avec l’accompagnement de mentors Wafacash et CEED et enfin le Démoday et la sélection finale pour passer à la phase de contractualisation.
Le Yellow Challenge, c’est une façon originale de voir la relation client/fournisseur où chacun gagne parce que, d’une part, le client nous donne plus l’occasion de bien connaître sa problématique pour élaborer une offre qui a le plus de chance de passer, et de l’autre côté, le client se donne plus le temps de connaître le prestataire/partenaire et de peaufiner son propre cahier des charges grâce à la phase d’immersion.
Cela est d’autant plus vrai que la mise en place d’une solution de digital learning est multi-dimensionnelle et implique à la fois des considérations RH, métiers et techniques. On parle beaucoup plus d’un partenariat à long terme que d’une prestation ponctuelle. Au final tout le monde y gagne. Mais en plus de ça, c’était une belle expérience humaine, j’ai eu un mentor très dynamique et « multi-compétent » avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir à travailler et donner le meilleur et me sentir « chez moi ».
D’une façon générale, nous n’avons rencontré que des personnes bien disposées à conseiller, à aider et à co-construire, jamais des personnes qui jugent, qui sanctionnent ou qui profitent d’une quelconque position de force. L’équipe de CEED s’est comme d’habitude démenée pour nous appuyer dans toutes les étapes du processus notamment à travers des séances de formation et de mentoring y compris pour nous soutenir dans l’évolution de nos entreprises respectives. Bravo à CEED et Wafacash pour cette initiative. Notre pays a besoin de ce type de collaboration.
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