Yellow Challenge : Ces entrepreneurs qui ont relevé le défi ! – Episode 3 : Réda El Ganzri, CEO de Devcorp
Si la persévérance, le travail acharné, le sérieux, l’ambition et la passion pouvaient se transformer en personne, cette personne serait Réda El Ganzri. Selon son mentor Mohamed Benlahcen, Directeur Intermédiation et nouveaux canaux au sein de Wafacash, “Réda n’est pas uniquement un excellent technicien, c’est aussi manager qualifié très proche de ses équipes. Il a le contact facile et prend le temps nécessaire pour bien comprendre les tenants et aboutissant de chaque situation. Son ouverture d’esprit et sa capacité d’écoute lui permettent de faire évoluer ses produits continuellement et d’atteindre ses objectif dans des temps record”.
Quel plaisir pour moi d’avoir pu travailler avec lui et apprendre de lui pendant ces derniers mois durant le Yellow Challenge ! Aujourd’hui, Réda El Ganzri, CEO de Devcorp, l’un des finalistes et coup de cœur du Yellow Challenge, a accepté de se livrer à moi. Voici un aperçu de son parcours, raconté avec une passion qui n’a d’égal que son humilité.
Pourquoi avoir choisi le chemin compliqué de l’entrepreneuriat ?
Le choix de l’entrepreneuriat n’est bien évidemment pas fortuit, dès mon plus jeune âge j’ai toujours eu un goût pour l’innovation et l’aventure. D’autant plus que j’ai été indépendant très jeune : j’ai eu mon premier appart et vécu seul dès l’âge de 16 ans à Paris.
Lors du stage PFE de ma 1ère année en BTS, j’ai découvert le monde du travail, et j’y ai consacré toute mon énergie à tel point que l’on m’a proposé un contrat d’embauche, avant même de terminer mes études. J’ai ainsi été amené à faire un choix : soit d’accepter la proposition et de commencer le travail soit de terminer mes études.
Après mûre réflexion, je me suis rendu compte que l’un n’empêchait pas l’autre. J’ai donc commencé par créer mon premier statut d’auto-entrepreneur, pour travailler ensuite avec la même boîte en tant que freelancer, et ce, en parallèle avec mes études. Seulement, la charge de travail était en perpétuelle augmentation, et je ne pouvais plus m’en sortir tout seul. C’est là où je me suis décidé de créer ma propre entreprise. Et ma première entreprise était ma classe !
Tout naturellement, j’étais entouré de codeurs talentueux, qui ont accepté de me faire des développements le soir contre une rémunération. Et nous profitions des pauses entre les cours pour faire le point sur l’état d’avancement des projets.
Après avoir obtenu mon diplôme en 2012, J’ai décidé de saisir l’opportunité qui s’offrait à moi, celle de développer mon entreprise, et donc de laisser mon master pour plus tard.
Pourquoi DevCorp ?
Après ma première aventure, j’ai appris énormément de choses, et j’étais prêt à relever un nouveau défi. J’ai ainsi créé Devcorp en 2013, et me suis lancé dans de petits locaux avec les deux meilleurs développeurs de ma classe que j’avais embauchés dont l’un était marocain. Ce dernier se démarquait clairement par la rapidité et la qualité de son travail.
Plus tard je me suis associé avec des personnes qui avaient une vision orientée Business développement, dont Paul Guillemin un lauréat de l’HEC Paris, avec l’objectif d’évoluer d’une SS2I à une startup qui développe des logiciels innovants et les commercialise.
En 2014, j’ai décidé de m’installer au Maroc à la quête de jeunes talents. A ma grande surprise, le niveau des ingénieurs marocains était extrêmement élevé. A niveau égal d’études, les marocains étaient trois fois plus brillants, beaucoup plus impliqués, et beaucoup plus attachés aux valeurs de l’entreprise.
Quel est le problème que résout DevCorp ?
Devcorp, avant d’être une société de développement informatique, est une société qui accompagne les grandes et moyennes structures dans leur transformation digitale. Nous avons donc la chance en tant que startup d’avoir une vision agile, et la possibilité de d’offrir un time to market extrêmement court, ce qui encourage les entreprises à décentraliser une partie de leur travail chez nous.
D’autant plus que nous avions eu l’occasion d’explorer de nombreux secteurs d’activité, de relever plusieurs challenges, et de développer des centaines d’applications durant les 6 années de développement entrepreneurial. Aujourd’hui, nous avons une vision très large sur les technologies les plus récentes et une grande expertise dans l’innovation.
Certains de nos clients startup, ont même réussi à faire plusieurs millions d’euros de levée de fond grâce aux applications que nous avions développées et qui sont actuellement à la pointe de l’innovation en Europe.
Devcorp est également un incubateur de Projets Startup. En effet tous les deux ans, voire chaque année, nous essayons de développer par autofinancement des projets innovants émanant d’un besoin constaté sur le marché, et de les commercialiser. Notre premier projet était «My Simply Agenda», un produit qui permettait de faire de la réservation en ligne pour toutes les professions libérales notamment les médecins, avocats, etc. Ce dernier a été vendu à une entreprise marocaine de télé-secrétariat médical.
Le deuxième projet était «Logistix», il s’agit d’un logiciel permettant entre autres la gestion de transport, la dématérialisation des bons de livraison, avec remontée en directe des éventuels incidents, la fluidification de la facturation et de la gestion de la paie, etc. Ce logiciel complet de la Supply Chain, nous a permis d’avoir le prix de l’innovation logistique MLA (Moroccan Logistix Award) en 2016 par la MDL, et de générer un chiffre d’affaire important suite à sa commercialisation auprès de plusieurs entreprises.
Quant au projet de l’année 2017, «Paybreaker», il permet essentiellement la dématérialisation des systèmes de paiement à travers la génération de cartes bleues virtuelles, et s’articule autour de 3 volets : mono-carte, multicartes et multi payeurs.
Tu as du sûrement passer par des situations très difficiles ?
Le chemin de l’entrepreneuriat est évidemment jonché d’obstacles. J’ai dû traverser une route périlleuse lors du passage d’une société française à une société marocaine. Le plus gros challenge était de rassurer mes clients européens et de leur prouver que la qualité du travail n’allait pas baisser voire même qu’elle allait s’améliorer. Pour ce faire, j’étais amené à faire beaucoup d’investissement personnel, à travailler à perte, et même à travailler sans signature de contrat.
Heureusement que mes efforts n’étaient vains. Devcorp a réussi à montrer que le travail marocain est encore plus qualitatif que le travail qui était fait en Europe. Aujourd’hui, plusieurs de mes clients ont découvert le Maroc et nous confient de plus en plus de projets.
Qu’est ce qui t’a sauvé à chaque fois ?
Ce qui m’a sauvé c’est la passion pour ce travail, c’est la confiance que les clients avaient en moi, c’est l’acharnement et surtout la prise de risque. Le fait de ne pas avoir peur de mettre en jeu toute ma carrière professionnelle, de travailler à perte, travailler sans avoir un engagement de la part du client, car au fond j’étais confiant et sûr que le travail aller plaire.
Qui est celui ou celle qui t’as aidé à tenir le coup ?
C’était une aventure assez solitaire. Lorsque je suis venu m’installer au Maroc, mon associé a décidé de rester en France. Ceux qui m’ont aidé à tenir le coup ce sont mes salariés et leur implication. Ils étaient prêts à travailler le weekend à passer des nuits blanches, pour l’intérêt de l’entreprise.
Avec une équipe aussi impliquée et performante, c’est impossible de ne pas réussir.
Et pour le futur, quels sont tes plans ?
Nous avons pour objectif de monter un Technolab, un laboratoire qui va permettre aux entreprises de faire des « Proof Of Concept » de leurs idées et de leurs projets. Je me suis rendu compte qu’il y a un réel besoin au sein des entreprises. Si une grande entreprise a une idée innovante pour concurrencer le marché des startup, nous aurons la capacité en un mois ou deux, de lui présenter une étude complète du business : une étude du marché, du Business model, une version beta de l’application, et une analyse de tous les coûts financés pour le déploiement d’une telle solution.
Tu as participé et relevé avec brio le Yellow Challenge, tu en as même été le Coup de cœur du jury. Que t’a apporté le Yellow Challenge ?
80% de nos clients sont des entreprises européennes et des multinationales et afin de conquérir le marché marocain nous avions passé différents concours tels que le Moroccan Logistix Award en 2016 et le Yellow Challenge organisé par Ceed et Wafacash en 2017. Tout au long de ce challenge, nous avons appris énormément de choses, et avons pu augmenter nos compétences grâce à l’accompagnement des mentors de Wafacash et de Ceed qui nous ont challengé, conseillé, encadré et soutenu afin de concrétiser notre projet fintech.
A l’issue du Yellow Challenge, nous avons pu aller au delà d’un simple bon de commande prestataire-client. Nous avons pu décrocher un partenariat technologique sur le long terme avec Wafacash, qui, avec sa grande notoriété nous offrira une bonne image auprès des clients potentiels marocains.