Le Maroc s’est doté de nouvelles mesures en vue de dynamiser la croissance des petites entreprises. Les nouvelles réglementations en matière de financement participatif (crowdfunding) devraient offrir aux start-ups et aux entrepreneurs un meilleur accès au crédit et aux capitaux d’investissement.
Le ministère de l’Économie et des Finances a publié fin mars un projet de loi établissant la réglementation en matière de financement participatif tant pour les investisseurs potentiels que pour les entreprises. Trois formats seraient prévus : le prêt avec ou sans intérêt ; le don direct ; ou l’investissement avec acquisition de parts dans la société par le bailleur de fonds.
Ce projet de loi, qui devrait être approuvé au cours du second semestre, permettra également une plus grande transparence et surveillance des activités liées au crowdfunding. La banque centrale du pays, la Banque Al Maghrib (BAM), sera l’organe de contrôle chargé de superviser les prêts entre particuliers ainsi que le financement par dons. De son côté, le ministère s’occupera des investissements ou des activités de crowdfunding en capitaux propres.
De plus, le texte prévoit un plafond de 5 millions de dirhams (449.000,00 euros) au montant des fonds versés pour chaque collaboration ou projet financé au travers du crowdfunding, ainsi que des dispositions concernant les modèles financiers possibles, qu’ils soient islamiques ou conventionnels, sans intérêt ou avec participation aux bénéfices.
Du crédit supplémentaire indispensable pour l’entrepreneuriat et la diversification
Cette évolution devrait offrir une nouvelle source de financement aux entrepreneurs, aux start-ups ainsi qu’aux autres petites entreprises, dont de nombreuses ne parviennent qu’avec difficulté à obtenir des capitaux par le biais des canaux traditionnels. Elle devrait également contribuer à améliorer l’entrepreneuriat au sein des entreprises nationales. Le Maroc arrive à la 65ème place sur les 137 que compte l’Indice mondial de l’entrepreneuriat et du développement de 2018, soit une progression de cinq places depuis l’année dernière. En Afrique du Nord, le Maroc se situe en 2ème position, juste derrière la Tunisie.
Si le pays jouit d’une position solide dans les domaines de l’innovation en matière de produits et de procédés, enregistrant respectivement des scores de 0,79 et de 0,64, il en est toute autre chose en termes de capitaux risques (0,29), de forte croissance (0,28), et de concurrence (0,11). Autant d’indicateurs qui devraient tirer parti d’un meilleur apport en financement aux start-ups. Cette injection de capitaux frais devrait également renforcer les mesures plus globales prises par le gouvernement en vue de diversifier l’économie, notamment dans les filières du numérique.
Lancé en 2016, le plan Maroc Digital 2020, vise à transformer le pays pour en faire une plateforme régionale en matière de TIC par la mise à jour et l’installation d’une infrastructure numérique améliorée. Ce plan devrait permettre d’accélérer tant la croissance du secteur que le développement des zones régionales qui ont traditionnellement peiné à attirer les investisseurs.
Située dans le nord-est du pays, Fès pourrait bien figurer parmi les gagnants de cette nouvelle donne. Cette ville, qui peut déjà compter sur un fort ancrage des TIC, est aussi un grand pôle d’enseignement supérieur et d’ingénierie. D’où un potentiel d’attraction des investisseurs selon Amine Zarouk, directeur de la filiale Maroc d’ALTEN, groupe français spécialisé dans l’ingénierie et les services TIC ainsi que la conception de réseaux. « Pour accroître davantage l’attractivité de Fès et poursuivre sur la ligne de la décentralisation, qui contribue grandement à la dynamique du pays, le gouvernement devrait inciter les entreprises à recruter davantage et veiller à la durabilité de l’écosystème des TIC », a-t-il déclaré à OBG.
Les entreprises se préparent au lancement du paiement mobile
À ces nouvelles sources de financement s’ajoute une autre évolution positive pour les petites entreprises : le lancement du paiement mobile, attendu pour le troisième trimestre de l’année. Conçu par la BAM, l’Agence nationale de réglementation des télécommunications ainsi que d’autres parties prenantes, ce système permettra aux particuliers de réaliser des paiements et des achats avec leur téléphone portable.
La banque centrale vise six domaines principaux dans cette transition vers le paiement mobile : les transferts d’argent entre particuliers, les achats dans le commerce, les paiements de factures et de services dans les secteurs public et privé ; le versement des allocations sociales, l’achat de recharges de téléphone, ainsi que les paiements des commerçants auprès de leurs grossistes.
Cette évolution devrait favoriser l’inclusion financière et entraîner une hausse des achats et des transactions financières entre particuliers et entreprises. En outre, tout semble indiquer que la baisse des coûts de transaction, l’augmentation des liquidités, et l’accès facilité au crédit grâce au paiement mobile pourraient aiguiser l’appétit des entreprises pour l’investissement à but commercial, ce qui à son tour stimulerait la croissance.
Selon une étude de la Banque mondiale réalisée en 2016 au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda, les entreprises ayant recours au paiement par mobile étaient 16 % plus susceptibles de réaliser des achats ou des investissements d’envergure, en comparaison avec celles n’utilisant pas de telles plateformes.