Vous vous rappelez MySpace ? Oui, ça existe encore…

Salut, j’ai 15 ans 👨‍🎤 et je fais du bruit avec ma guitare 🎸 au lieu de réviser mon contrôle de maths. Je suis sur #MySpace et nous sommes en 2005.

Avant Facebook était MySpace. Un monde fait de filles à franges, de groupes médiocres, de culture pop et de gif animés. Après avoir été longtemps figé en 2007, ce qui fut le premier réseau social est aujourd’hui « back in the game », avec un nouveau design et surtout un positionnement exclusivement dédié à la musique et aux artistes.


La chute de Babylone

J’aime comparer MySpace à Babylone – ou à Troie. Car MySpace fut autrefois la cité radieuse du Web : à l’origine de toutes les innovations sociales, il fut historiquement le premier empire social à conquérir le monde et à familiariser le grand public avec l’idée de page personnelle, d’amis virtuels, de communautés et d’interactions en ligne.

En 2005, MySpace avait atteint son apogée. Il brillait alors de mille feux et incarnait l’astre solaire de la galaxie du Web 🌟: réunissant la plus grande bibliothèque de musique numérique au monde, le réseau comptait environ 250 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis, se positionnant comme le site Web le plus visité et se payant régulièrement le luxe de dépasser Google Search et Yahoo dans les classements des sites les plus consultés.

myspace

Et puis… l’apocalypse 🌩️

La guerre de Troie a bien eu lieu, et les habitants de Troie désertèrent la cité flamboyante pour s’installer à Facebook-Sparte.

Year: 2006 MySpace friend count: 10,200 Hairspay used: 50 cans from r/blunderyears

Mais, après l’exode, rares furent ceux qui prirent le soin de supprimer leur page personnelle MySpace. Statut amoureux, top friends, commentaires, photos de profil restèrent donc figés dans le temps et viennent aujourd’hui nous rappeler à quoi ressemblaient nos vies virtuelles d’alors, quand les boys bands et les emos étaient encore à la mode et que les filles arboraient la frange de Kate Moss. Jusqu’en 2016, s’y connecter revenait à se rendre à Pompéi et à faire un très étrange voyage au cœur d’une ville fantôme après un tremblement de terre.

The height of my MySpace romancing. Pretty sure those jeans made me infertile. from r/blunderyears

Une expérience à la fois étonnante et déprimante, invitant au recueillement (on ne ricane pas 🤫).

Vestiges archéologiques

Petite sélection de vestiges archéologiques déterrés des ruines de la ville fantôme MySpace :

  • 🤝 Les top friends : Cette liste des meilleurs amis, mis en vedette, répondait à un principe de hiérarchisation amicale à peine pervers. Difficile de ne froisser personne mais jouissif aussi parfois de jouer avec la rétrogradation des uns et des autres. Retrouver son top friends d’alors, c’est se rappeler des personnes alors indispensables et depuis longtemps disparues dans le tourbillon de la vie.
  • 👩‍🎤 Les photos de profil : Ah, les premières tentatives de selfies plus ou moins réussis, adoptés comme photos de profil, entre fake, projection et authenticité. Entre poses emo (sensibilité à fleur de peau) et duckface (plus excentrique), il fallait choisir son camp.
13 years old, MySpace name was ChloeeCarnage, my favourite band was MCR and I was obsessed with the Twilight books from r/blunderyears
  • ✨ Les layouts customisés : Au contraire de Facebook, MySpace permettait à quiconque de personnaliser sa page, pour le meilleur et pour le pire (surtout le pire). A l’aide de quelques connaissances en HTML, chaque membre pouvait décorer son profil à son image, ce qui équivalait souvent à défier toutes les règles du bon goût en matière de couleurs, de polices, de motifs et d’animations. Mes yeux en saignent encore.
  • 💿 Les morceaux en streaming sur chaque page : La lecture automatique d’un morceau à chaque ouverture de page donnait des allures de fête de la musique permanente au site. La fonctionnalité subsiste sur le New MySpace, mais de manière plus élégante et moins intrusive, à la manière de Deezer.

L’histoire d’un long déclin

On en rigole aujourd’hui, mais toutes ces fonctionnalités ont bel et bien fait le succès de MySpace, qui a véritablement marqué le début d’une nouvelle ère à sa création en 2003. Un mois après son lancement, plus d’un million de personnes s’étaient déjà inscrites.

Le réseau a contribué à la vulgarisation des médias sociaux, voire au lancement de quelques carrières dans l’industrie dans la musique. Car à l’époque où Myspace était le plus populaire, c’était un outil précieux pour les musiciens qui pouvaient télécharger leurs discographies complètes et générer des profits à partir de la vente de leur musique, de CD et de tickets de concerts.

En 2005, Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, avait approché les dirigeants de MySpace à propos d’une acquisition pour 75 millions de dollars mais c’est finalement News Corporation de Rupert Murdoch qui emportera la mise pour 580 millions de dollars.

Depuis, le réseau a encore changé de main deux fois de plus au cours de la dernière décennie pour une fraction de son prix, dont une reprise en 2011 par Justin Timberlake pour seulement 35 millions de dollars. On annonçait alors le « New Myspace » : une interface ultra-moderne et de nouvelles fonctionnalités dédiées à l’écoute, la découverte et le partage de la musique, centrée autour des artistes. Le nouveau Myspace ne manquait pas d’arguments pour séduire… juste d’utilisateurs.

Entre temps, Facebook, Twitter ou même Reddit avaient séduit les utilisateurs et Myspace n’était plus en mesure d’innover pour suivre le rythme. En 2009, avec 350 millions d’utilisateurs enregistrés, Facebook atteignait officiellement le statut de plateforme sociale la plus populaire au monde.

Le cadavre de MySpace bouge encore…

Mais officiellement, Myspace est loin d’être mort.

Naviguez sur Myspace.com : saviez-vous qu’entre 30 et 50 millions de personnes s’y connectent encore chaque mois ? Que le réseau génère encore 300 millions de vues de vidéos ? Un travail de fond impressionnant a été réalisé pour livrer le New MySpace même s’il est certain que le réseau ne redeviendra jamais l’acteur de premier plan qu’il était, dans le contexte actuel de compétition et de fusion-absorption entre les réseaux sociaux.

Le réseau reste aussi fragile, sujet à des failles critiques : en mars 2019, une migration tourne mal et les photos, vidéos et fichiers audio uploadés entre 2003 et 2016 sont annoncés comme perdus ou irrémédiablement corrompus. On estime alors à plus de 53 millions de chansons de 14 millions d’artistes le nombre de fichiers touchés par la perte de données. Cette perte massive de données illustrait alors un danger moderne : à mesure que nous cédons de plus en plus de morceaux de notre vie à de grandes entreprises technologiques, nous perdons le contrôle de certaines de nos créations les plus personnelles. Conclusion : ne jamais faire confiance aux plateformes pour archiver nos données.

L’expérience MySpace en dit donc beaucoup sur l’évolution d’Internet depuis les années 2000 : c’est l’histoire d’une gloire et d’une décadence, aujourd’hui portée par une nouvelle ambition. Sera-t-elle suffisante pour faire renaître le réseau de ses cendres ? Rendez-vous dans dix ans !

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Mahja Nait Barka
Mahja Nait Barka

Diplômée en Management Stratégique, formée à l’innovation et à la créativité, j’accompagne depuis plus de 15 ans les entreprises, en Europe et en Afrique, pour développer des plateformes de marque performantes : de l’audit de l’identité à la clarification du positionnement en passant par la construction des fondamentaux de la marque (création de la plateforme de marque, définition des éléments de langage, stratégie de Personal Branding pour les dirigeants…).

Objectif : créer des marques fortes, désirables au-delà du produit.

J’aide aussi les marques à créer des expériences positives et intuitives autour de leurs services et passer à la vitesse supérieure dans leur trajectoire digitale. Mon expertise est transversale et orientée-business. Elle me permet de m’adapter à toutes les réalités de l’entreprise et d’embarquer des équipes souvent multidisciplinaires autour du branding, de l’accélération digitale et de l’expérience utilisateur, dans des projets complexes à fortes contraintes.

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