A l’occasion de l’événement Facebook Connect, Mark Zuckerberg a présenté ce qu’il conçoit comme l’avenir de son entreprise. Quelques mots sur la publicité, ou encore sur l’augmentation de la taille du réseau social, qui compte déjà près de 3 milliards d’utilisateurs actifs par mois… mais son ambition pour la prochaine décennie est ailleurs : construire le metaverse.
Méta-quoi ?
Difficile de donner une définition précise du métaverse (« metavers » en anglais). Le directeur de la technologie de Facebook, Andrew Bosworth tente d’en définir les contours comme d’un « ensemble d’espaces virtuels que vous pouvez créer et explorer avec d’autres personnes qui ne se trouvent pas dans le même espace physique que vous ».
Ce qu’imagine Facebook, concrètement, c’est que demain, plutôt que de cliquer sur des liens ou d’ouvrir des applications, nous coifferons nos casques de réalité virtuelle (peut-être celles produites par Oculus, que possède Facebook) et pourrons vivre une deuxième vie, travailler, nous divertir, apprendre, créer, assister à des concerts ou organiser des fêtes, faire du shopping virtuel (mais quand même avec du vrai argent), jouer avec d’autres avatars virtuels… Objectif : nous permettre de vivre de nouvelles expériences dans ce monde virtuel qui va venir se juxtaposer au monde réel, véritable Internet incarné « that you’re inside of rather than just looking at. We believe that this is going to be the successor to the mobile Internet.”
Rien de bien révolutionnaire toutefois sur le papier puisque tous ces services seraient disponibles sur une plateforme de type réseau social, ce qui explique que Facebook travaille très assidument sur un projet de métaverse et a même décidé d’y consacrer 50 millions de dollars.
Un univers parallèle à la Matrix ou à la Ready Player One ?
Si Zuckerberg déclare que l’impact sur les contenus, les biens digitaux et les créateurs de contenus sera « énorme », et permettra d’aller « au-delà des contraintes des écrans et de la distance », certains pointent un véritable danger pour l’avenir de l’humanité : « créer son chez-soi virtuel, comme dans Second Life, l’ancêtre des mondes connectés persistants. Vous êtes coincés dans un deux pièces de 20 m2 ? Avec un casque de réalité virtuelle, vous voilà transportés dans un chalet avec vue sur un lac, ou dans une station orbitale » analyse avec un peu de cynisme 20 minutes France.
Pour donner vie à cette nouvelle forme d’interaction, Facebook, à travers son lab Horizon, va embaucher 10.000 nouveaux collaborateurs en Europe pour bâtir cet univers virtuel et a même dévoilé un nouveau nom, Méta, pour intégrer cette nouvelle réalité qui fait désormais partie de la stratégie du groupe et s’éloigner d’une image 100% réseaux sociaux.
Un énième nouveau concept à la mode ?
Facebook n’est pas le seul à s’intéresser au Métaverse. Microsoft, Tencent, Alibaba, ByteDance, Nvidia, Roblox et Epic Games, mais aussi de nombreuses start-ups au cours des dernières semaines, ont manifesté leur intérêt pour développer des technologies permettant de vivre des expériences dans le métaverse.
Certaines spécialisées dans la réalité virtuelle et la réalité augmentée ont débloqué des investissements importants pour donner vie au métaverse. Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a ainsi déclaré : « Alors que les mondes numériques et physiques convergent, nous nous dirigeons vers une nouvelle couche dans la pile d’infrastructure, le métaverse de l’entreprise » (“As the digital and physical worlds converge, we are leading in a new layer of the infrastructure stack, the enterprise metaverse.”).
Les géants affûtent leurs armes…
Par raccourci, on peut être tenté d’assimiler le métaverse à une technologie adaptée à quelques jeux et utilisations de niche. Mais le métaverse a bien plus de potentiel que celui-là…
Les réflexions et travaux sur le métaverse se sont particulièrement accélérés pendant le confinement avec l’organisation notamment de concerts virtuels dans Fortnite (dont celui d’Ariana Grande, Travis Scott et Killer Mike), et l’enregistrement par Tencent (propriétaire de l’application WeChat) d’une centaine de marques liées au métaverse dont QQ Metavers, QQ Music Metavers ou encore Kings Metavers. De son côté, ByteDance, maison-mère de TikTok, a fait l’acquisition de la start-up de réalité virtuelle Pico Interactive dont la valeur atteint désormais plus de 700 millions d’euros.
Preuve que le métaverse est un secteur d’avenir, même s’il n’en est encore qu’à ses débuts. Bloomberg Intelligence estime que cette nouvelle technologie pourrait peser plus de 800 milliards de dollars et ce, seulement d’ici 2024.