Depuis sa défaite à l’élection présidentielle américaine il y a un an, et les émeutes du Capitole en janvier 2021, Donald Trump a été banni de plusieurs réseaux sociaux dont Twitter et Facebook. Face à ce qu’il considère comme une tentative de le museler, l’ancien Président des Etats-Unis a mis au point son propre réseau social destiné principalement à tous ses partisans, sobrement baptisé « Truth » (« Vérité » en français).
La vérité, selon Trump
Depuis la fin de son mandat présidentiel, Donald Trump s’est lancé dans une véritable guerre contre les réseaux sociaux, Twitter et TikTok en tête. Après avoir bafoué à de nombreuses reprises les conditions d’utilisation, Trump a vu ses comptes supprimés des plateformes. Un coup dur pour celui qui préférait s’exprimer sur les réseaux sociaux plutôt qu’en conférence de presse lorsqu’il était au pouvoir.
Ce bannissement n’a pas manqué de déchaîner la colère de l’ancien Président qui a immédiatement, en représailles, suggéré l’idée d’interdire Facebook et Twitter aux Etats-Unis. Dans la foulée, le milliardaire républicain avait également promis de lancer son propre réseau social avant la fin de l’année 2021.
S’opposer à la tyrannie des Big Tech
Cela devrait être bientôt chose faite : en octobre dernier, Trump a officialisé l’arrivée de Truth Social.
Avec ce réseau social, le 45e Président des Etats-Unis entend « résister face à la tyrannie des géants des technologies qui ont utilisé leur pouvoir unilatéral pour réduire au silence les voix dissidentes en Amérique. » Une attaque contre les géants de la tech, qui vise aussi à galvaniser ses partisans. « Nous vivons dans un monde où les talibans ont une énorme présence sur Twitter, alors que votre Président américain préféré a été réduit au silence : c’est inacceptable » a martelé Trump lors de la conférence de lancement de la version bêta de Truth.
Le réseau social est l’émanation d’une nouvelle organisation, Trump Media & Technology Group (TMTG) qui ambitionne de devenir rapidement une société cotée en bourse. Trump y partagera ses pensées, sans avoir besoin de se conformer à la charte de Facebook ou Twitter, sur une plateforme toute acquise à sa cause.
On est jamais mieux servi que par soi-même.
Truth : Un projet voué à l’échec ?
Si Trump entend rivaliser avec Facebook et Twitter, force est de constater que la plateforme ne bénéficiera jamais de la force de frappe de ces médias. De par sa nature même, hautement politisée, il ne s’agira jamais d’un forum de discussion ouvert comme Twitter avec ses 200 millions d’utilisateurs ou d’un endroit où se retrouve toute une famille comme Facebook. Au mieux, Truth fera office de média électronique, qui proposera d’ailleurs des actualités, des podcasts et un service de vidéo à la demande, comme expliqué par Trump.
Autre inquiétude pour Truth, l’espace social conservateur est déjà surpeuplé avec Gettr, un clone de Twitter lancé par l’associé de Trump, Jason Miller, et surtout avec Parler qui, après un bref pic de téléchargements après les émeutes du Capitole le 6 janvier 2021, a pratiquement disparu en termes de pertinence.
Enfin, si Trump nourrit des ambitions fortes pour Truth, et reste l’acteur le plus en vue et le plus puissant de la scène républicaine, sa capacité à truster l’attention a été considérablement réduite depuis son bannissement de Twitter, de Facebook et de YouTube. Certaines personnes continueront à consommer tout ce que dit et fait Donald Trump, mais admettons que l’ancien Président ne bénéficie plus de la même aura pour lancer un réseau social d’envergure. Tout au mieux un hub permettant à son fan club de lire ses déclarations et de communiquer avec lui…
Truth : Un fan club à la gloire de Trump ?
Car bien que la plateforme se présente comme un réseau « qui donnera la parole à tous », les conditions d’utilisation de Truth stipulent que les utilisateurs ne pourront “dénigrer, ternir ou nuire de quelque manière que ce soit, aux éditeurs ou au site” (“disparage, tarnish, or otherwise harm, in our opinion, us and/or the Site.”). En d’autres termes, tout utilisateur qui critique Trump our le site peut être expulsé de la plateforme. « En plus de résilier ou de suspendre votre compte, nous nous réservons le droit d’engager des poursuites judiciaires appropriées » complètent les CGU.
Le réseau Truth Social a été lancé la semaine dernière en version bêta, accessible sur invitation à la manière de ClubHouse. La version finale de la plateforme est quant à elle prévue pour tous les résidents américains pour le premier trimestre 2022. Mais pour le moment, la plateforme ne bénéficie que d’une page d’inscription et a vu son site de test mis hors ligne quelques heures après la conférence de lancement, après que des pirates réclamant l’affiliation avec le groupe Anonymous aient pu avoir accès à une version de Truth Social, et aient créé une avalanche de faux comptes.