Il y a encore quelques mois, le mot « métavers » n’existait que dans la science-fiction. C’est devenu une terminologie incontournable depuis le Facebook Connect 2021, quand Mark Zuckerberg annonçait que construire ces espaces virtuels était l’ambition de Meta pour la prochaine décennie. Au même moment, l’agence d’innovation Mann Made, basée à Johannesbourg (Afrique du Sud), lançait Africarare, le tout premier métavers africain. Une initiative prometteuse…
Promouvoir l’art et le patrimoine africains
Alors que les géants de la tech affûtent leurs armes et annoncent des investissements exceptionnels pour franchir cette nouvelle frontière de l’Internet, successeur de l’Internet mobile, Africarare se présente comme un espace virtuel immersif en 3D destiné à promouvoir le meilleur de la culture africaine. Art, mode, divertissement, sport, technologie… Il propose une marketplace servant de vitrine aux créations et de tribune aux artistes et aux entreprises.
Cette expérience de réalité virtuelle 3D se déroule à Ubuntuland, un monde 100% virtuel associant créativité, gamification et e-commerce. Alimentée par la blockchain Ethereum, elle dispose de la propre cryptomonnaie, $UBUNTU, et permet aux utilisateurs de créer et de monétiser des œuvres, des expositions, des applications de jeux et des expériences sociales comme des conférences, des concerts ou des séances de méditation.
Objectif pour Mann Made : libérer la créativité africaine et connecter le continent à l’économie numérique mondiale. On évolue dans Africarare en tant qu’avatars 3D uniques, qui valorisent le folklore africain et les représentations traditionnelles et disponibles à l’achat sous forme de NFT (jetons non fongibles).
Notre métaverse connectera l’Afrique à cette arène en plein essor de l’économie mondiale, stimulera la croissance et créera de multiples nouveaux emplois tels que les concepteurs, les créateurs et les architectes numériques.
— Mic Mann, co-fondateur et PDG d’Africarare.
Posséder un morceau virtuel d’Afrique
Depuis le lancement du métavers, des terrains virtuels sont disponibles à l’achat dans Ubuntuland, composés de parcelles et de villages de tailles différentes. Huit minutes seulement après la mise en vente, 149 terrains avaient déjà été achetés. Depuis, plus de 200 000 parcelles ont été inventoriées, et seront progressivement commercialisées, achetées, louées ou développées en lots limités.
L’agence de publicité sud-africaine M&C Saatchi Abel a été la première à acheter des terrains dans Africarare et à y installer un « bureau virtuel », le point de départ d’un écosystème technologique et créatif.
L’ONG autrichienne World Data Lab (WDL) a elle aussi acquis un village à Ubuntuland. Elle prévoit d’utiliser ce site pour aider à améliorer la qualité de vie des Africains et sensibiliser sur les sujets à impact comme la lutte contre l’extrême pauvreté. De leur côté, les galeries d’art Mila (« tradition » en swahili) et Inuka (« montée » en swahili) présentent les œuvres d’artistes africains émergents et confirmés.
Agences, galeries, boutiques, musées… les opportunités d’investir au sein d’Ubuntuland pour les artistes, les créatifs mais aussi les entreprises sont infinies.
40 milliards de dollars pour l’économie africaine
Le marché Africacare devrait stimuler l’économie africaine et créer des emplois, comme l’annoncent les projections de croissance d’Analysis Group publiées en mai 2022. Elles estiment que les technologies de métavers injecteront 40 milliards de dollars dans le Produit Intérieur Brut de l’Afrique subsaharienne sur la prochaine décennie, et devrait contribuer à hauteur de 2,8% au PIB mondial après 10 ans.
Prometteur, le métavers recèle de véritables opportunités et s’annonce comme la prochaine composante de l’Internet de demain. Mark Zuckerberg y voit la future nouvelle norme :
Beaucoup de gens pensent que le métavers concerne un lieu, mais il s’agit d’un monde numérique fondamentalement immersif qui deviendra la nouvelle manière dont nous vivrons nos vies.
L’organisation de l’Africa Metaverse Summit, du 1er au 3 juin 2023, traduit d’ailleurs l’intérêt des entreprises africaines et internationales pour ce nouvel univers virtuel qui fascine autant qu’il inquiète. Une stratégie de formation et de déploiement des métiers créatifs a été mise en place à l’issue de ce forum : la première Académie Africaine du Métavers s’engage à former gratuitement plus de 300 jeunes dans 18 pays africains aux métiers du métavers : blockchain, crypto-monnaies, intelligence artificielle, réalité augmentée, 3D, gaming, design…
Le métavers face aux défis des infrastructures africaines
Pourtant, atteindre ce niveau de technologie et de créativité inclusives est fortement dépendant de l’efficacité des infrastructures technologiques. L’Afrique pourrait alors être, selon les analystes, le dernier continent à être complètement connecté au métavers. En Afrique subsaharienne, malgré des améliorations récentes, seulement 28% de la population était connectée à Internet à fin 2020. Les coupures occasionnelles d’Internet et des réseaux sociaux y entraînent la perte de milliards de dollars en revenus e-commerce. Comment le métavers profitera-t-il aux Africains ruraux ou ceux qui dépendent encore de l’Internet 3G ?
Par ailleurs, d’autres technologies associées comme les casques de réalité virtuelle restent largement hors de portée de la plupart des internautes africains.
Autant d’obstacles à franchir pour réussir ce qui s’annonce comme la prochaine révolution industrielle…
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