Souvenez-vous de 2021. Mark Zuckerberg changeait le nom de Facebook en Meta, promettant un avenir où nous vivrions, travaillerions et socialiserions dans des mondes virtuels immersifs. Les géants de la tech investissaient des milliards, les marques se bousculaient pour acheter leurs parcelles virtuelles, et le métavers semblait être la prochaine révolution digitale. Trois ans plus tard, où en sommes-nous vraiment ?
Promesses brisées
Meta a perdu plus de 40 milliards de dollars dans sa quête du métavers. Horizon Worlds, sa plateforme phare, peine à dépasser les 200 000 utilisateurs actifs mensuels. Un chiffre dérisoire quand on le compare aux 3 milliards d’utilisateurs de Facebook. C’est un peu comme si on avait construit un centre commercial géant dans le désert, en oubliant d’y amener les clients.
Le Web3 devait nous libérer de l’emprise des GAFAM, démocratiser la finance et rendre le pouvoir aux utilisateurs. Pourtant, en 2024, force est de constater que la décentralisation promise ressemble davantage à une recentralisation déguisée. Les NFT, ces certificats numériques qui devaient révolutionner l’art et la propriété digitale, ont vu leur valeur s’effondrer de plus de 95% depuis leur pic.
Un peu comme Instagram qui a vu son taux d’engagement chuter drastiquement à cause de la surexploitation commerciale, le métavers souffre du syndrome de la surenchère. Les marques s’y sont précipitées sans réelle stratégie, créant des expériences vides de sens. Rappelez-vous de cette grande marque de luxe qui avait vendu des sacs virtuels plus chers que leurs équivalents physiques. Une absurdité qui illustre parfaitement le décalage entre les promesses et la réalité.
Promesses non tenues ?
Les projets métavers font face aujourd’hui à plusieurs obstacles majeurs qui freinent leur adoption massive et leur développement. L’un des premiers obstacles est d’ordre technique. Le métavers nécessite une infrastructure réseau robuste capable de supporter des équipements VR plus abordables et conviviaux, des connexions ultra-rapides et fiables pour une expérience immersive fluide ou encore un stockage cloud massif pour héberger ces univers virtuels.
Malgré les investissements colossaux, l’adoption reste limitée. Selon les statistiques de 2024, 31% des adultes américains ne savent même pas ce qu’est le métavers et seul un quart de la population mondiale devrait passer au moins une heure par jour dans le métavers d’ici 2026.
Un autre défi majeur concerne l’interopérabilité entre les différentes plateformes. Les utilisateurs veulent pouvoir interagir sans friction entre les différents métavers, transférer leurs actifs numériques d’un univers à l’autre et conserver une identité cohérente à travers les plateformes.
Vers des solutions pragmatiques
La première leçon à tirer de l’échec des mondes virtuels immersifs est peut-être celle de l’humilité technologique.
Comme pour l’intelligence artificielle, nous avons tendance à surestimer les changements à court terme et à sous-estimer les changements à long terme.
Le métavers ne mourra probablement pas, mais il évoluera différemment de ce qu’on avait imaginé.
Les cas d’usage qui émergent aujourd’hui sont plus terre-à-terre : formation professionnelle en réalité virtuelle, visites virtuelles immobilières, ou encore prototypage industriel. Un peu comme les micro-influenceurs qui ont su tirer leur épingle du jeu en restant authentiques et proches de leur communauté, ce sont les applications pratiques et utiles qui tracent la voie.
La réalité augmentée, plus accessible et moins isolante que la réalité virtuelle, semble promise à un avenir plus radieux. Apple l’a bien compris en lançant son Vision Pro, préférant parler d’informatique spatiale plutôt que de métavers.
L’avenir se dessine… autrement
Le Web3 et le métavers ne sont pas morts, ils sont en train de muer. Comme Internet qui a survécu à l’éclatement de la bulle des dot-com, ces technologies trouveront leur place, mais probablement pas celle qu’on leur avait imaginée.
Peut-être est-il temps d’arrêter de vendre du rêve pour se concentrer sur l’essentiel : créer de la valeur réelle pour les utilisateurs. Et vous, croyez-vous encore au métavers ? Ou pensez-vous, comme de plus en plus d’observateurs, que l’avenir du digital se jouera ailleurs ? La réponse est peut-être dans la façon dont nous utiliserons ces technologies plutôt que dans les technologies elles-mêmes.