Conférence de Frédéric Lenoir sur le Bonheur

Atlanta partage avec les Marocains la pensée de Frédéric Lenoir autour du bonheur.

«Le Vivre Mieux» faisant partie de son ADN et le bonheur des Marocains de ses quêtes, Atlanta Assurances partage avec les Marocains la pensée de Frédéric Lenoir autour du Bonheur. La compagnie publie un compte rendu de la conférence, tenue à Casablanca le 4 avril courant. Objectif : Faciliter la quête du bonheur aux Marocains et aider chacun à trouver le bonheur au plus profond de soi-même.

La pensée de Frédéric Lenoir présentée lors de ladite conférence conforte l’étude de la compagnie, menée en 2015, qui a fait ressortir la tranquillité d’esprit comme définition du Bonheur et la santé (96%), le culte (80%) et la famille (70%) comme ses trois sources principales.

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Fatima Zahra Bensalah.

«C’est parce que tout le monde est en quête du Bonheur que nous essayons de propager la cuture du vivre mieux autour de nous. C’est ainsi que nous avons décidé de partager, avec les Marocains, la pensée de Frédéric Lenoir. Nous voulons participer à véhiculer davantage la notion du vivre mieux et inviter nos compatriotes à rechercher le bonheur en eux», déclare Fatima Zahra Bensalah, Administrateur Directeur Général d’Atlanta Assurances.

Filiale du groupe Holmarcom et côtée à la bourse de Casablanca depuis 2007, Atlanta Assurances est une compagnie d’Assurances majeure de la place. Depuis 1947, Atlanta Assurances œuvre continuellement pour servir ses assurés et répondre de manière rigoureuse à leurs besoins évolutifs tout en leur assurant un service de grande qualité. Au début de l’année 2015, Atlanta a axé sa stratégie sur le bonheur de ses clients de manière à leur faciliter la vie et leur permettre de vivre mieux. Depuis, la compagnie œuvre dans le territoire du bonheur notamment dans le domaine citoyen à travers différentes actions dont «Pour le bien-être à l’école».

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Atlanta Assurances, partenaire de la conférence de Fréderic Lenoir autour du bonheur et de la puissance de la joie.

Compte-rendu de la conférence de Frédéric Lenoir sur le Bonheur

Frédéric Lenoir revient, lors de cette conférence, sur les ingrédients du bonheur en explorant trois principales voies : la religion, la spiritualité et la philosophie.

Être dans le moment présent, afficher plus de gratitude au quotidien, trouver la joie en nous-mêmes, poursuivre la voie de ce qui nous rend heureux et accepter les choses qu’on ne peut pas changer… telles sont les principales pistes qui ressortent pour trouver le bonheur et le perpétuer.

Qu’est-ce qui vous rend heureux ?

Le philosophe et écrivain souligne que dans le cadre d’une enquête sur le bonheur, un Institut de sondage américain avait parcouru 50 pays pour poser une même question à 3.000 personnes dans chaque pays visité. La question était : « Qu’est-ce qui vous rend heureux ? »

Le constat était quasiment le même dans tous les pays : le premier ingrédient du bonheur est, selon les sondés, l’amour, le deuxième étant la santé et le troisième était de faire une activité qu’on aime.

Le plus impressionnant pour les enquêteurs était le fait que l’argent ne figurait pas dans les trois premières réponses.

Alors l’Institut de sondage a posé la question suivante : « Qu’est-ce qui vous manque pour que vous soyez encore plus heureux ? » Là, la réponse était l’agent. Cela veut dire que l’argent est considéré comme un bien précieux, mais ce n’est pas un pilier du bonheur. Deuxième conclusion : Le bonheur signifie la même chose pour tout le monde, peu importe là où on vit et nos références culturelles. La notion du bonheur est dans ce sens universelle.

Comment perpétuer le bonheur et rester heureux, au-delà des aléas de la vie ?

Pour Frédéric Lenoir, le défi pour la plupart des gens est de savoir « comment rester heureux quand ça ne va pas bien ? ». Autrement dit, « comment faire pour rester heureux, quels que soient les aléas de la vie ou les événements heureux ou malheureux ? »

Il va plus loin en posant les questions suivantes : « comment rester heureux si on perd la personne qu’on aime, par exemple ? », ou encore « comment faire pour que le bonheur ne soit pas lié aux aléas extérieurs, mais qu’il dépende uniquement de nous-mêmes ? »

Pour l’écrivain, la sagesse, Bouddha et les Taoïstes ont essayé, tous, de répondre à la question suivante : « comment résister aux flux aléatoires de la vie pour rester dans un état de sérénité ? »

La réponse à cette question est alors beaucoup plus complexe, contrairement aux piliers du bonheur.

Épicure nous dit à ce propos que : « le bonheur est lié au plaisir qui dure, ce n’est pas la satisfaction immédiate ». Pour Épicure : « il faut modérer le plaisir », et pour cause, le plaisir excessif nous rend malades et à terme malheureux. Perpétuer le bonheur commence d’abord par cerner les plaisirs judicieux. Et pour y arriver, il faut apprécier l’instant présent.

Le quotidien crée plusieurs petits moments de plaisir, mais on n’est pas totalement présent à chaque instant de la vie. Et on réalise qu’on ne savoure pas assez les plaisirs du quotidien. Le bonheur commence lorsqu’on déguste les plaisirs du quotidien et de toutes les petites choses de la vie.

Frédéric Lenoir propose alors d’aller encore plus loin en explorant trois voies : La religion, la philosophie et la spiritualité.

La voie de la religion : La volonté de Dieu comme explication des événements de la vie

Frédéric Lenoir souligne, à ce titre, que si l’on est totalement religieux, on peut être très heureux. Pour les croyants fervents, la volonté de Dieu explique tout, et cette conviction les rend ainsi très heureux. Le religieux accepte alors son sort. C’est une grande sagesse que d’accepter la vie telle qu’elle est et de se dire que « c’est mon destin, c’est mon karma ».

La voie de la philosophie : Trouver la joie en nous-mêmes

Pour Frédéric Lenoir, le plus grand philosophe du bonheur est Spinoza : un juif né aux Pays-Bas et qui a osé questionner la religion, ce qui lui a valu d’être excommunié et banni. Aux questions de Spinoza sur la religion, les rabbins répondaient que « les voies de Dieu sont impénétrables ».

Spinoza a montré qu’il y avait beaucoup d’éléments irrationnels dans la bible. C’est ce qu’on appelle la critique historique de la bible. Et c’est à cause de ses questions que Spinoza va se retrouver seul, loin de sa famille. Il va alors chercher ce qu’il va lui procurer du bonheur et la joie incessante à travers la raison (la philosophie). Spinoza est, dans ce sens, le premier philosophe des Lumières. Il est aussi le premier à défendre la démocratie, un siècle avant qu’il soit condamné aussi bien par les religieux que par les politiques.

Dès lors, la libération des esprits ne suffit pas. Il faut développer la joie en nous-mêmes. À ce titre, Frédéric Lenoir précise que Spinoza est l’ancêtre de la psychanalyse. Il a défini l’inconscient en estimant que nous sommes les esclaves de nos affects. Spinoza a dit que chaque affect est lié à une idée. Les affects précèdent dans ce sens les idées. Les affects et les idées vont toujours ensemble. Résultat : il faut rectifier les émotions.

Tout être qui croit devient plus heureux. Un être vivant qui ne peut pas connaitre et développer sa nature intérieure devient malheureux. Si on rêve d’être artiste et qu’on devient banquier, on est malheureux. Il faut alors faire le métier qui nous convient. D’où la nécessité de décerner ce qui est bien pour soi et emprunter coûte que coûte ce chemin. C’est celui du bonheur !

Idée adéquate Vs idée inadéquate : Faire la distinction conduit au bonheur

Frédéric Lenoir explique qu’il y a quelques années maintenant, il a posé la question suivante à des enfants, dans le cadre de cours de philosophie qui leur étaient dédiés : «Qu’est-ce que réussir sa vie ? ». La réponse qui a été donnée alors à Lenoir était que réussir sa vie c’est être heureux, ne pas avoir de regrets…

Seul hic : être heureux n’est pas suffisant quand on est un tueur ou un extrémiste par exemple. Le bourreau peut avoir de la joie à tuer…

« Réussir sa vie c’est être heureux en respectant les autres et leur droit à la joie et au bonheur », c’était la réponse donnée par un enfant de 9 ans ! Et c’est totalement logique.

Cette pensée a été étudiée par Spinoza. Pour ce dernier, il y a deux types de joie. La joie liée à des idées adéquates. Et la joie liée à des idées inadéquates. Aussi, pour Spinoza, l’idée inadéquate transforme la joie en tristesse. C’est donc, une joie passive qui crée de la souffrance. Une idée adéquate renvoie au fait de connaître la personne que nous aimons, par exemple, très bien de telle manière que nous ne serons jamais déçus et donc malheureux. A contrario, une idée inadéquate c’est se tromper sur la profonde vérité de l’être aimé, ce qui conduit automatiquement à un état de déception et donc de malheur.

Frédéric Lenoir affirme qu’il faudra alors éliminer les joies passives. Il explique alors que l’amour selon Spinoza c’est l’idée d’une joie liée à une cause extérieure. Dans les relations amoureuses, si on a une idée adéquate de l’autre, la joie est positive. En revanche, si on a une idée inadéquate de l’autre, la joie va devenir une tristesse à termes.

En d’autres termes, on passe de l’amour à la haine si la joie est passive et que l’idée est inadéquate. L’amour vrai est celui qui est basé sur une idée adéquate de l’autre.

Pour Frédéreic Lenoir, lorsqu’on aime quelqu’un pour ce qu’il est, la joie active est éternelle. À partir de là, Spinoza veut qu’on découvre ce qui alimente la joie. D’où l’idée qu’il n’y a pas de dualité entre le corps et l’esprit et que finalement l’idée et l’affect sont intimement liés.

La voie de la spiritualité : Suivre le chemin de ce qui nous rend meilleurs

Le philosophe déclare qu’il est nécessaire de comprendre ce dont le corps à besoin. «L’arsenic, par exemple, n’est pas bon, et ce pour tout le monde, contrairement à l’eau».

Quand on a posé la question au Dalaï-lama de savoir qu’elle est la meilleure spiritualité, il a eu cette réponse magnifique : « celle qui vous rend meilleure »

Le but de la spiritualité est donc de devenir meilleur. Commence alors un véritable travail sur soi en se posant la question suivante : « quels sont les objets qui nous rendent meilleurs ? ». Pour y arriver, il est nécessaire d’orienter le désir vers les personnes et les objets qui nous rendent heureux.

Dans son oeuvre majeure, « L’éthique », Spinoza affirme que la joie permanente se crée quand on fait ce qui est bon pour nous. Elle est donc à l’intérieur de nous.

Quand on est spirituel, on constate que le bonheur tient à des choses très simples et à l’ouverture du coeur. Lorsqu’on se laisse saisir par l’amour, on devient automatiquement heureux.

Aussi, on est vraiment heureux lorsqu’on se dit « j’aime la vie même quand tout va mal ». Il faut d’ailleurs aimer la vie de manière inconditionnelle, comme on aime ses enfants, et c’est là le véritable bonheur : l’acceptation de la vie qui n’est pas une soumission forcée. La spiritualité est donc une joie intérieure.

Si on veut vraiment être heureux, il faut développer sa dimension spirituelle, peu importe qu’on soit croyant ou pas.

Le pouvoir magique d’Ici et Maintenant

Le seul reproche que je peux faire à Spinoza, dans sa réflexion sur le bonheur, est qu’il n’a pas développé la voie du cœur.

Le simple fait d’être dans le moment présent nous rend heureux.

Le fait d’être là, de ne pas se projeter dans le futur et de ne pas revenir sur le passé est une condition du bonheur. Les scientifiques ont d’ailleurs découvert qu’il y avait une chimie du bien-être. En essayant de savoir ce qui déclenche la sécrétion de la Dopamine et la Sérotonine (les deux hormones du bonheur) par le corps, les scientifiques ont trouvé que le fait d’être attentif à ce qu’on fait et d’être dans le moment présent contribue à créer cette chimie du bonheur dans le corps. « C’est intéressant de voir que la science approuve ce que dit la spiritualité et la philosophie », exulte Frédéric Lenoir.

Il existe par ailleurs un moyen d’être dans le passé et rester tout de même heureux. Cela passe par le fait d’être attentif aux sensations comme si on les revivait encore une fois. L’écrivain Marcel Proust démontre comment par la mémoire on peut revivre le présent à travers son œuvre « À la recherche du temps perdu ». Son expérience de « la madeleine » est un exemple de cet état de joie que peut procurer un événement du passé. Cela se produit quand on est totalement présent.

Dans les vies qu’on a aujourd’hui, on n’est pas présent, on multiple les choses autour de nous. Alors qu’être concentré nous permet de déguster le présent. Le poète, Jacques Prévert a dit : « j’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant ». N’avoir aucun regret dans la vie, lâcher prise et accepter les choses quand on ne peut pas les changer, contribuent à rester heureux.

Le philosophe grec, Epictète, estime, dans ce cadre, qu’il faut séparer les choses qui dépendent de nous de celle qui ne dépendent pas de nous. Lorsqu’on ne peut pas changer quelque chose, il faut l’accepter. Cette façon de voir les choses et d’agir en conséquence a une dimension profondément spirituelle.

La voie de la gratitude : Savoir dire merci !

Une autre voie de la spiritualité réside dans la gratitude. On est souvent ingrat envers la vie. « J’ai pris, aujourd’hui, l’habitude de remercier la vie. Depuis que j’ai décidé de me rappeler, chaque soir, les cinq bonnes choses de la journée, et depuis je dors beaucoup mieux », nous dit Frédéric Lenoir.

« Il faut savoir qu’on a un cerveau archaïque : on mémorise les problèmes et le danger puisque dans le lointain passé il fallait se souvenir des dangers pour les éviter et survivre. Aujourd’hui, on n’a pas vraiment besoin de faire ça pour (sur)vivre.

L’évangile nous dit qu’il y a plus de joie dans le don que quand on reçoit. Quand on aime la vie, on n’a jamais peur de manquer des choses. La vie est généreuse quand on est généreux », conclut Frédéric Lenoir.

Pour l’anecdote : Petit conte soufi raconté par Frédéric Lenoir

C’est l’histoire d’un homme qui arrive dans une ville, perçoit un vieillard à la porte de la citadelle, se dit qu’il doit être un sage et lui pose la question suivante : « comment sont les hommes dans cette ville ? »

Le vieux monsieur lui répond en lui posant une autre question : « Comment étaient les hommes dans ton passé ? ». L’homme dit alors qu’« ils étaient mauvais ».

Le vieillard déclare alors que : « Ici, c’est pareil !». Déçu, l’homme qui voulait entrer dans la ville part vers une autre direction.

Un deuxième homme arrive et pose au vieillard la même question : « comment sont les hommes dans cette ville ? ». Le vieux lui répond par une autre question :« comment étaient les hommes dans le passé ?».

L’homme lui répond : « Ils étaient bons ». Et là, le vieux déclare qu’« ici, c’est pareil !».

Un vendeur de chameaux qui a suivi cette scène a attendu que le 2e homme soit parti, pour demander au sage comment ça se fait qu’il a donné deux réponses différentes à une même question. Et là, le sage lui répond : « chacun de nous porte le monde dans son regard. Un homme qui porte le malheur dans son regard sera malheureux partout et un homme qui porte le bonheur dans son regard sera heureux partout ».

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Frédéric Lenoir (© Denis Félix)

Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue et historien des religions

Docteur et chercheur associé de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Frédéric Lenoir est cofondateur avec Martine Roussel-Adam de la Fondation SEVE, Savoir Être et Vivre Ensemble (sous l’égide de la Fondation de France), dont la mission principale est de former des animateurs et des formateurs d’ateliers de philosophie et de méditation dans les écoles. En mai 2017, il crée l’association Ensemble pour les Animaux qui vise à réfléchir sur la relation entre l’homme et l’animal et à défendre, en lien avec d’autres associations, des grandes causes sur la condition animale.

Ecrivain. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages (essais, romans, contes, encyclopédies), traduits dans une vingtaine de langues et vendus à six millions d’exemplaires dans le monde, il écrit aussi pour le théâtre, le cinéma et la bande dessinée.

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